Edition : Toulouse
Ce sont des travailleurs pauvres dans tous les sens du terme. Économiquement, et statutairement. Pourtant, ils travaillent pour l’Éducation nationale laquelle n’est administrativement pas tendre avec eux. Céline en fait, depuis la rentrée scolaire, l’amère expérience.
On les appelle des auxiliaires de vie scolaire. Ils sont à ce jour plusieurs dizaines de milliers qui travaillent dans les écoles. Certains assument des tâches autrefois dévolues aux emplois jeunes que la droite a supprimés. D’autres ont pour rôle, d’épauler dans leur vie d’écoliers, des élèves plus ou moins handicapés. Ces AVS ont généralement, au minimum un niveau bac, et exercent leur activité 20 heures par semaine. C’est le cas de Céline 26 ans.
Au mois de Septembre, l’inspection académique de Toulouse lui confie le soin de s’occuper de deux enfants handicapés, l’un est trisomique, l’autre hyper actif. Céline accepte ce travail qu’elle connaît déjà pour l’avoir exercé durant les deux années précédentes. Les deux écoliers dont elle a la charge fréquente deux écoles distantes de 30 kilomètres de son domicile. Elle commence son service le 15 septembre mais l’administration ne lui envoie son contrat à signer que le 1 er Octobre. De sa propre initiative, elle corrige ce qu’elle considère, à juste titre, comme une erreur technique de l’administration et signe son contrat. Quelques jours plus tard, l’Académie le lui renvoie avec la date du 1 er Octobre, autrement dit, Céline perd 15 jours de salaire. Comme il n’en est pas question, elle le signale à l’administration qui persiste à la considérer en poste depuis début Octobre.
Le bras de fer est dés lors engagé. Céline appelle plusieurs fois l’administration pour lui signifier qu’il y a une erreur. A chaque fois, elle a un interlocuteur différent qui prend note. Mais qu’à cela ne tienne, l’administration fait la sourde oreille. Elle ne règle pas le différent sur le fond mais consent, avec retard, à lui verser une « avance » de 700 euros car la conséquence est que Céline travaille sans être payée depuis trois mois. Il n’est en effet pas question pour elle de délaisser ses deux petits écoliers. Sans elle, ils seraient privés d’école puisqu’ils ne peuvent pas suivre la classe sans « tuteur ». Elle ne veut pas non plus perdre son unique ressource laquelle se monte à 650 euros par mois. Précaire parmi les précaires, le statut n’est pas non plus attrayant. Les AVS ont des contrats qui s’interrompent au moment des vacances scolaires, notamment l’été, pendant lesquelles ils ne sont payés. A chaque rentrée scolaire, leur inquiétude est donc de savoir s’ils vont ou non avoir un poste et ce qu’ils vont devenir au terme de 6 ans maximum de ce régime. Théoriquement, ils doivent recevoir une formation pour leur permettre de renouer avec l‘emploi classique, mais en pratique, elle est plutôt rare.
Parmi les 100 mille emplois aidés annoncés par Nicolas Sarkozy ces derniers semaines, il devrait y avoir 40 mille nouveaux auxiliaires de vie scolaire.
Aujourd’hui, Céline se tourne vers le syndicat enseignant SNUIPP pour obtenir de l’aide. Elle envisage aussi de saisir les prud’hommes car en plus de la faire travailler sans contrat, ni salaire, on a imité sa signature sur le contrat qu’elle refusait d’entériner.