Résistance pédagogique : l’inspection académique de l’Hérault retire cinq jours de salaire à un enseignant
L’inspectrice de circonscription de Gignac (Hérault) “a remis en main propre” à Bastien Cazals mardi 9 décembre 2008 à 9 heures, une lettre l’informant que l’inspection d’académie “procéder[ait] au retrait de 5/30ème de [son] traitement pour manquement aux obligations de service” soit “cinq jours de salaire en moins” en décembre.
Cette “sanction” fait suite à la décision du directeur de l’école maternelle Louise Michel de Saint Jean de Védas (34), de ne pas appliquer la réforme de l’enseignement primaire, notamment l’aide personnalisée. Bastien Cazals avait fait part de son choix dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy le 25 novembre 2008, dénonçant les mesures prises par le ministre de l’Éducation.
“Croyez-vous sincèrement, Monsieur le Président, que votre ministre pourra, par de telles réformes, atteindre l’objectif qu’il s’est fixé de diminuer par trois le nombre d’élèves en difficulté ? Et pouvez-vous m’affirmer que l’école primaire de demain continuera d’assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale ?“, interroge Bastien Cazals dans cette lettre (L’AEF n°105679).
“L’inspectrice de circonscription est venue lundi 8 décembre à 13h30 sans m’en avoir prévenu, rapporte Bastien Cazals à l’AEF mardi 9 décembre 2008. Elle a constaté que l’aide personnalisée ne fonctionnait pas et que mes collègues avaient également pris la décision de ne pas l’appliquer depuis le 1er décembre.”
D’après les informations recueillies par l’AEF, Bastien Cazals serait le seul enseignant “entré en résistance pédagogique” à faire l’objet d’une retenue sur son salaire. Plusieurs enseignants de l’Hérault doivent porter le 17 décembre au rectorat une lettre appelant à la désobéissance pédagogique.
DÉCRET DE 1977
“Il ne s’agit pas d’une sanction disciplinaire mais d’une application d’un décret de 1977 confirmé par une décision du Conseil d’État en 2008, qui fait que dès lors qu’une obligation de service n’est pas remplie, nous sommes amené à prévoir une retenue de 1/30ème du traitement par journée”, explique à l’AEF Paul-Jacques Guiot, IA de l’Hérault.
“Monsieur Cazals doit 26 heures d’enseignement et il n’en fait que 24, au détriment des élèves les plus en difficulté, ceux qui ont justement besoin de l’aide personnalisée. Il doit rentrer dans ses obligations immédiatement”, ajoute Paul-Jacques Guiot qui prévient qu’un “nouveau contrôle peut intervenir à tout moment”.
À ce jour, dix-neuf lettres d’enseignants entrés “en résistance pédagogique” ont été adressées au Président de la République, au ministre de l’Éducation nationale ou à des inspecteurs d’académie. Sur son site, le collectif des enseignants en résistance “dénonce cette sanction précipitée et disproportionnée qui vise à faire plier les enseignants qui s’engagent dans la résistance pédagogique aux réformes destructrices” et “appelle les citoyens à se mobiliser pour exiger de l’Inspection Académique le retrait de cette sanction”.