Une étude européenne met en évidence que la France continue à utiliser massivement le redoublement au cours de la scolarité. Si cette pratique est en net recul, en particulier à l’école primaire (passant de 18% en 2004 à 14% en 2009), elle marque fortement notre système éducatif, contrairement à ceux d’autres pays qui font le choix de laisser ensemble tous les élèves d’un même âge. Tout converge pour montrer que le redoublement, vécu comme une stigmatisation, nuit à l’estime et la confiance en soi nécessaires à chacun pour continuer à apprendre. Il est de surcroît inefficace, puisque la plupart des élèves redoublants ne rattrapent pas leur retard scolaire, et injuste car touchant principalement les enfants des milieux les plus défavorisés.

Pourtant, si le maintien reste souvent perçu comme un recours pour permettre à un élève de progresser dans ses apprentissages et en maturité, c’est qu’il n’existe à l’heure actuelle, dans le fonctionnement de l’école, que bien peu d’alternatives. Trop souvent, sur le terrain, les équipes doivent se débrouiller seules.

Mettre fin au redoublement doit s’inscrire dans un nouveau projet scolaire où le mode d’organisation des apprentissages serait plus souple et plus adapté aux besoins des élèves. Dans ce domaine, la scolarisation avant 3 ans, en voie de disparition, doit être réhabilitée tant elle a montré son importance pour la maîtrise de la langue comme pour éviter les redoublements en CP, aux lourdes conséquences sur l’avenir d’un élève. La mise en oeuvre des cycles, insuffisamment soutenue, mérite d’être réellement accompagnée. Elle doit s’appuyer sur des effectifs de classe en forte réduction, une formation des enseignants de qualité pour une meilleure prise en charge de l’hétérogénéité, des RASED complets et en nombre suffisant, une vraie relance de l’éducation prioritaire…

De plus, la moitié des 2 milliards d’euros que coûte chaque année le redoublement permettrait, en primaire, de créer 37 000 postes d’enseignants afin de mettre en oeuvre « plus de maîtres que de classes » notamment dans les écoles qui concentrent le plus de difficultés. Pour le SNUipp-FSU, ce dispositif innovant offrirait aux équipes le pouvoir de répondre, à certains moments de la journée, aux besoins particuliers de certains élèves au sein de petits groupes.

Avec près de 9 000 suppressions de postes dans les écoles primaires à la rentrée 2011, les choix du gouvernement ne développent pas cette vision éducative. Au côté des parents et des mouvements pédagogiques, le SNUipp-FSU appelle les enseignants à manifester partout en France pour la réussite de tous les élèves.