Les résultats détaillés de l’enquête


Les enseignants sont favorables à une réforme, mais pas n’importe laquelle. Explications avec l’enquête du SNUipp qui leur donne la parole et porte leurs voix dans les négociations.

Faut-il réformer l’école ? A cette question les enseignants ne répondent pas non à l’heure où se négocie le contenu de la future loi d’orientation et de programmation pour l’école et celui de nouvelles circulaires. Le SNUipp n’a cessé depuis l’ouverture de la concertation en juillet de demander qu’on entende leur parole. Mais l’oreille du ministère n’y est pas toujours très attentive ; il avait par exemple refusé d’accorder une demi-journée banalisée pour participer à cette concertation. Alors, le syndicat est allé la recueillir cette parole, pour mieux la porter dans les négociations. Une démarche approuvée par les intéressés. Ils ont été près de 24 000 à répondre à l’enquête conduite avec Harris interactive. La quasi totalité d’entre eux estiment que le syndicat doit jouer un rôle de passeur, entre les enseignants et le ministère. C’est le cas par exemple à 92% pour la réforme des rythmes. Ces réponses valident la démarche du SNUipp et renforcent les propositions qu’il soutient. Mais le principal enseignement est dans le fait que les enseignants plébiscitent à 89% l’idée d’une réforme du primaire. Il s’agit d’un soutien « sur le principe » car ils ne veulent pas n’importe quelle réforme. Si le primaire doit être la priorité comme l’affiche le gouvernement, la réforme doit se concentrer sur les aspects qui fonctionnent le moins bien à l’école et qui conduisent environ 15% à 20% des élèves à rentrer au collège avec des difficultés en Français et en maths.

Les rythmes, l’arbre qui cache l’ampleur des enjeux

Depuis plusieurs semaines le débat public a focalisé sur la réforme des rythmes (qui ne figure pas dans la loi mais doit faire l’objet d’une circulaire), réduisant du coup l’ampleur des enjeux. Chez les professeurs des écoles les avis sont partagés, seuls 35% considèrent que c’est une action prioritaire. Mais la moitié d’entre eux sont favorables au passage à la semaine de 4 jours et demi. S’ils souhaitent un changement, c’est surtout sur la mise en place d’une alternance entre 7 semaines de classe et 2 semaines de vacances pour 85% d’entre eux. De même, 61% réclament des cours finissant à 15h30. En tout état de cause, plus des trois quarts des maîtres estiment que l’intérêt des élèves doit primer sur celui des enseignants et des parents.
Pour les enseignants, les principales mesures attendues sont la diminution des effectifs par classe, la refonte de la formation des maîtres, le plus de maîtres que de classes, des moyens supplémentaires pour les écoles qui concentrent le plus grand nombre de difficultés scolaires… Parmi les principales préoccupations figurent les évaluations nationales. Pour 70% elles doivent avant tout servir à comprendre la nature des difficultés et des réussites des élèves en début d’année. D’autre part, ils sont 61% à penser que l’aide personnalisée doit être intégrés au temps d’apprentissage. Cette réflexion s’accompagne du souhait de repenser les dispositifs d’aide à la difficulté scolaire.

Retrouver la confiance

Autre question très importante, celle de leurs conditions de travail. 80% estiment qu’elles ne sont pas bonnes et 96% qu’elles se sont dégradées ces dernières années. Autre ressenti chez 61% des enseignants, celui que leur image s’est singulièrement dégradée (même si eux-mêmes jugent à 65% qu’elle est bonne). Une impression qui ne colle pas avec un précédent sondage réalisé en septembre par le SNUipp. 81% des français ont une bonne image de la maternelle et 64% de l’élémentaire. Comment expliquer ces points de vues contradictoires. Les relations avec les parents ne semblent pas constituer un point de tension pour une grande majorité. Peut-être faut il y voir l’expression d’un mal être, qui a gagné une part de la profession comme le soulignaient un rapport d’Eric Debarbieux et une enquête de l’Inspection générale. Le journaliste spécialiste de l’éducation Emmanuel Davidenkoff y voit les effets « des discours politiques depuis dix ans ». « Aujourd’hui, un enseignant de 35 ans, au sommet de son énergie et de sa compétence, a passé les dix premières années de sa carrière à entendre qu’il ne savait pas faire son métier, alors qu’il devrait être le levier du changement » dit-il. Les enseignants ont perdu de la confiance dans l’institution et dans leur travail. Un vécu douloureux quand leur principale préoccupation est la réussite des élèves. Malgré tout la bonne image qu’ils ont d’eux-mêmes prouve que l’envie de bien faire est là. Aucune réforme ne pourra être réussie sans s’appuyer sur ce potentiel. Les enseignants disent oui à une réforme, mais dans l’intérêt commun des élèves et des enseignants. Leurs voix doivent être entendues.

Lire :

la note de synthèse des résultats

Lire aussi : – le communiqué du SNUipp-FSU