Après le rapport d’octobre reprenant tous les sujets ouverts par la concertation de l’été, c’est maintenant le temps des négociations.

Depuis le 15 octobre, les réunions se sont succédées à un rythme effréné, la plupart dirigées par le ministre lui-même, pour dégager les principaux éléments de la future loi d’orientation qui serait présentée en Conseil des ministres en janvier 2013. Des groupes de travail se réunissent de novembre jusqu’en mars 2013 afin de ré-écrire les textes réglementaires : cycles de scolarité obligatoire, école maternelle, dispositif plus de maîtres que de classes, formation des enseignants, programmes, missions des RASED… certains applicables dès la rentrée prochaine. Mais une loi ne fait pas tout. Pour le SNUipp, il faut dégager des priorités claires, avec des moyens supplémentaires, qui améliorent concrètement la vie quotidienne professionnelle des enseignants au service d’une meilleure réussite des élèves

Programmes …

- Dans la loi, les missions seront redéfinies, la place de l’éducation artistique et musicale et l’éducation à la morale laïque réaffirmées. Dans les textes réglementaires, un Conseil supérieur des programmes est créé pour définir les contenus d’enseignement et de nouvelles évaluations nationales des élèves seront à élaborer pour 2013.

- Dans la vie des écoles… Ces nouveaux programmes doivent être exigeants mais faisables, il faut les stabiliser pour que les enseignants travaillent de manière sereine et arrêter les effets de balancier. Le ministre envisage l’enseignement d’une LV dès le CP. Il faudra que cela se traduise par une formation des enseignants ou par le recours à des personnels formés.

… et socle commun

- Dans la loi, le nouveau « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » aura pour objectif de permettre à chaque jeune de se développer et de pouvoir continuer des études.

- Dans la vie des écoles… Cette nouvelle définition des savoirs indispensables, liant socle et programmes, devra être clarifiée, notamment concernant l’évaluation qui ne pourra pas être une multiplication de cases à cocher. Le socle devra être un tremplin et non une fin en soi, fixer des priorités correspondant bien à ce qui est jugé déterminant pour remplir l’objectif éducatif et former des citoyens éclairés.

Plus de maîtres que de classes

- Dans les textes réglementaires, le dispositif « Plus de maîtres que de classes » donnera lieu à une circulaire en janvier censée définir les conditions pédagogiques et administratives de sa mise en œuvre. Des premières écoles devraient être dotées dès la rentrée 2013. Le SNUipp demande que soit garantie la programmation des moyens et des postes pour les années à venir. Il rappelle que ce dispositif doit être pensé comme la possibilité de travailler autrement, notamment en allégeant les effectifs à certains moments ou en diversifiant les modalités pédagogiques.

- Dans la vie des écoles… Réorganiser le fonctionnement de l’école, croiser les regards sur les pratiques, travailler en petits groupes, travailler à plusieurs dans la classe, tout cela ne se décrète pas. Il faudra dégager du temps et de la formation pour travailler en équipe, assurer stabilité et sérénité, tout en laissant de la souplesse dans l’application du dispositif.

Liaison école collège

- Dans les textes réglementaires, les cycles pourraient être ré-organisés. Le ministre envisage de créer un cycle CM1/CM2/6e.

- Dans la vie des écoles… S’il est indispensable d’améliorer la transition école-collège, il est hors de question de créer de nouvelles usines à gaz ou de déréglementer les statuts. Pour travailler la transition école/collège, une cohérence éducative est profitable aux élèves déstabilisés par cette rupture, il faut penser sa mise en œuvre à partir de collaborations professionnelles (formations communes, projets, programmations, progressions et évaluations communs…) en y incluant les temps institutionnalisés nécessaires aux équipes, ainsi que les frais de déplacements inhérents aux réalités géographiques.

Maternelle

- Dans la loi, les missions de l’école maternelle seront redéfinies. Sa spécificité est reconnue avec des formes pédagogiques et éducatives qui lui sont propres et qui participent au développement sensoriel, moteur, social et culturel des jeunes enfants. Une formation aux problématiques de la maternelle sera intégrée aux maquettes des masters et la scolarisation des moins de trois ans amplifiée pour les secteurs difficiles.

- Dans les textes réglementaires, des critères seront définis pour la scolarisation des moins de trois ans. La grande section intègre pleinement le cycle 1 et n’est plus définie comme un « pré-CP ».

- Dans la vie des écoles… Il faudra un effort sans précédent : baisse des effectifs par classe, formation initiale et continue. Pour les 2 ans, il ne s’agit pas de faire du chiffre, il faut définir les conditions d’accueil et de scolarisation des plus petits (taux d’encadrement, effectifs, collaboration avec les personnels petite enfance, matériel et locaux adaptés, lien aux familles…).

Formation

- Dans la loi, les enseignants seront formés dès la rentrée 2013 dans les ESPE, écoles supérieures de professorat et d’éducation, qui assureront les missions liées à la formation initiale et à la formation continue pour les enseignants du premier et du second degré. Les ESPE répondront à un modèle de formation intégrée qui sera adossée à la recherche.

- Dans les textes réglementaires, le cahier des charges national, le référentiel de compétences métier, les conventions avec les rectorats, l’organisation des stages sont à définir. La date du concours est fixée à la fin du M1. Les lauréats deviennent élèves professeurs en M2 et sont rémunérés. Des éléments de professionnalité doivent intégrer les épreuves du concours. La place des formateurs de terrain dans les ESPE sera réaffirmée. Ces éléments constituent un enjeu fort des discussions qui déterminera la qualité de la formation. Dans la vie des écoles… Les maîtres formateurs devraient être associés à la formation. Aucun jeune ne doit plus débuter sans formation. De nombreux points restent à éclaircir, comme celui de la formation continue qui n’a fait l’objet d’aucun engagement chiffré de la part du ministère et la place des formateurs du premier degré.

ASH


La grande oubliée de la refondation ?

Il faut sortir de la confusion entre aides spécialisées et aides ordinaires et abandonner l’aide personnalisée de ces dernières années. Les difficultés lourdes ne peuvent être que du ressort des RASED, sur lesquels le rapport de la concertation est manifestement silencieux et dont il faut rappeler l’importance. La loi de 2005, mal appliquée et mal accompagnée, oblige à repenser les conditions de scolarisation des élèves en situation de handicap (formation, cadre d’emploi pour les accompagnants…).