Conseil Supérieur de l’Éducation du 8 janvier consacré à l’examen du projet de décret relatif à l’aménagement du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaire (cliquez ici pour retrouver le texte)

Le SNUipp/FSU vote contre.

Les résultats du vote sont les suivants :

- Pour : 5

- Contre : 23

- Abstention : 30

- Refus de vote : 14

La prochaine étape aura normalement lieu vendredi 11 avec la consultation du CTM sur ce même texte.

Explication du vote du Snuipp/FSU

(extrait de la déclaration du snuipp) :

Rythmes scolaires : le compte n’y est pas ni pour les élèves, ni pour les enseignants. Le SNUipp se prononce contre le décret .
Le texte doit être revu en profondeur et un nouveau CSE convoqué.

Le projet de décret relatif à l’aménagement du temps scolaire est un sujet est important. Il concernera le quotidien de plus de 6 millions d’élèves et plus de 10 millions de parents. Il impactera la vie professionnelle et personnelle de plus de 340 000 enseignants du primaire.

Ce texte, transmis pour la première fois le 26 décembre dernier, n’a donné lieu à aucune discussion, ni concertation. Des pans entiers de cette réforme restent encore à clarifier : la partie enseignante notamment, et les relations avec les collectivités locales pour lesquelles nous avions demandé une table ronde.

Depuis des mois, le SNUipp-FSU demande que ce dossier important soit traité avec sérieux et rigueur. Le sujet est sensible. Il divise et inquiète nos collègues. Or nous constatons qu’à ce jour encore, le ministre fait preuve d’une légèreté qui ne peut que semer le trouble dans les esprits des enseignants là où, à l’inverse, ces derniers ont besoin d’informations stabilisées et de perspectives clairement affichées pour comprendre et s’approprier les évolutions.

Le SNUipp-FSU a toujours clairement affiché ses intentions :

- en finir avec cette insatisfaisante « semaine Darcos », ses journées à rallonge notamment pour les élèves les plus fragiles, une aide personnalisée rejetée hors la classe sur le temps de la pause méridienne ou après 16H30 et prétexte à une purge des RASED.

- La question des rythmes nécessite une réflexion d’ensemble englobant tous les paramètres : journée, mois, année, temps et rythmes scolaires, mais aussi fonctionnement de l’école afin d’améliorer les temps d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignants.

Ce devait être une réforme emblématique de la Refondation. Elle se révèle être une grande déception.

- Les évolutions pour les élèves prévues par ce décret restent marginales. Le calendrier de l’année scolaire est toujours aussi déséquilibré sans l’alternance 7 semaines de classes et 2 semaines de congé, les journées seront raccourcies de 45 minutes en moyenne.

- Concernant le bien être et l’épanouissement de l’élève, nous n’avons aucune garantie sur ce qui va se passer après l’école à partir de 15H45. Personne ne peut obliger les communes à mettre en place des activités sportives, culturelles et artistiques annoncées pour les élèves. Personne ne peut les contraindre à ce que ce nouveau temps éducatif soit gratuit pour les familles. Malgré les 250 millions d’euros qui ne couvrent pas l’ensemble des besoins d’un passage à 4,5 jours pour les 6,7 millions d’élèves du primaire, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur la difficulté à recruter des animateurs qualifiés, les difficultés d’organisation en milieu rural où ils auront à effectuer de longs déplacements sur de grands territoires ou même les nouvelles normes d’encadrement des enfants qui restent à préciser. La réforme ne peut pas être réussie dans les communes qui en auront les moyens et en échec dans les autres.

- Nous demandons que le décret évolue et offre des possibilités de dérogation au delà de 2014 en fonction de certaines particularités. La question se pose aussi pour les communes qui sont déjà aux quatre jours et demi avec des formules particulières. Comme dans la Vienne , où les élèves ont classe deux mercredis matin sur trois. Quel devenir pour toutes ces organisations issues de concertations locales approfondies ? Le décret n’en dit rien. Le SNUipp souhaite que ces organisations perdurent.

S’il suffisait de modifier les rythmes scolaires pour améliorer la réussite des élèves, mais tordre le cou à l’échec scolaire ne se résume pas à une question d’emploi du temps. Cela passe par de meilleures conditions matérielles et pédagogiques. une maternelle redynamisée, des effectifs qui permettent de prendre en compte chacun, des enseignants formés et reconnus, des programmes revus pour être ambitieux mais réalisables et respectueux des rythmes d’acquisition des élèves, des évaluations au service des apprentissages, des familles qu’on a le temps d’accueillir, d’informer, d’écouter dans l’intérêt des enfants.

- Nos collègues ont été maltraités ces dernières années. Ils attendent légitimement de la considération, de la confiance, et une reconnaissance de leur engagement professionnel au service de la réussite des élèves. .

Le décret donne la possibilité qu’une organisation scolaire soit décidée sans et même contre leur avis.

Pour le SNUipp, les conseils d’école doivent être associés.

- le SNUipp-FSU a exigé des améliorations des temps professionnels des enseignants : 23 heures hebdomadaires et 3 heures pour mieux prendre en compte toutes les dimensions d’un métier en évolution (travail en équipe, concertation…). Quelles réponses ?

- Quelles précisions sur les obligations de service des enseignants et les 108 heures ?

- Quelles garanties sur la place, le volume et la nature des animations pédagogiques ? Or, le SNUipp-FSU a été ferme sur cette question : pas de journée continue le mercredi dont l’après-midi doit obligatoirement rester un temps personnel.

- Le volume horaire des activités pédagogiques complémentaires qui remplaceront l’aide personnalisée ainsi que le nombre d’élèves devant en bénéficier font l’objet d’un flou inacceptable. Nous n’accepterons pas que ces APC s’apparentent à une aide personnalisée déguisée avec le même volume horaire.

- Le ministre doit mettre sur la table une proposition de revalorisation des rémunérations des professeurs des écoles qui à BAC + 5 restent injustement tout en bas de l’échelle des salaires enseignants.

Le SNUipp-FSU a donc voté contre le projet actuel de décret. Mais, nous ne sommes pas favorables au statu quo. Nous souhaitons que soient prises en compte nos propositions qui concilient intérêt des élèves et des enseignants. Nous souhaitons qu’un nouveau texte, profondément revu, soit proposé lors d’ un nouveau CSE.