Alors que la loi de programmation attribue 7000 postes au « plus de maîtres que de classes », Bruno Suchaut publie une étude analysant les conditions d’efficacité du dispositif.

Le constat est partagé : le système scolaire français est incapable de lutter efficacement contre l’échec scolaire, et ce malgré la mise en place de dispositifs et initiatives divers depuis les années 80. Les évaluations internationales pointent également « une baisse plus ou moins accentuée du niveau moyen des élèves », la corrélation entre l’échec scolaire et les inégalités sociales et l’augmentation de la proportion d’élèves ne maîtrisant pas les compétences minimales à l’issue de l’école primaire et de la scolarité obligatoire. Le « plus de maîtres que de classes » permettrait le « développement d’organisations pédagogiques susceptibles d’améliorer les conditions de prise en charge des élèves au sein de l’école et de réduire efficacement la difficulté scolaire ».

Modifier le taux d’encadrement des élèves

Le « plus de maître que de classes » est un levier qui peut être actionné en réduisant le nombre d’élèves par classe ou bien en ajoutant un adulte supplémentaire dans la classe. Des études permettent de conclure que la baisse des effectifs joue un rôle mesurable et positif sur la réussite des élèves, certaines évaluant même qu’une diminution de cinq élèves par classe conduirait à une réduction de près de la moitié des inégalités de réussite scolaire. Pourtant, dans le dispositif ARTE (Aide à la Réussite de tous les Elèves), expérimenté pendant 5 ans en Haute Marne au début des années 2000, les élèves encadrés par un maître surnuméraire en effectif réduits ne semblent pas avoir bénéficié du dispositif. Selon Bruno Suchaut, « cette aide externalisée n’était donc pas une solution adéquate pour lutter contre la difficulté scolaire »

Co-intervenir dans la classe

Il semble cependant que ce ne soit pas tant le maître surnuméraire que les modalités de son inscription dans le dispositif pédagogique qui soient le secret de la réussite. Ainsi le dispositif PARE (Projet d’Aide à la Réussite des Elèves), mené dans l’académie d’Aix-Marseille depuis la rentrée 2005, balise précisément l’intervention de l’enseignant supplémentaire. Ce maître, volontaire et expérimenté, ne prend jamais en charge de petits groupes d’élèves en difficulté hors de leur classe habituelle et « c’est au sein même de la classe et en partenariat étroit (préparation, animation et régulation communes) avec l’enseignant de la classe » que se font ses interventions. Selon un rapport de l’Inspection Générale, ce modèle de co-intervention « laisse […] une impression très favorable compte tenu de la rigueur de sa mise en place, gage vraisemblable d’efficacité ».

Des éléments d’efficacité

A l’aune de ces expériences, Bruno Suchaut tire plusieurs éléments qui peuvent assurer une efficacité pédagogique au dispositif : l’expérience professionnelle du maître surnuméraire, l’articulation avec ce qui se fait en classe, la planification pédagogique des séquences, le pilotage des actions au niveau local ou encore la maximisation du temps d’engagement de l’élève sur la tâche. Pourtant, bien que les évaluations de dispositifs comparables soient loin de fournir des résultats systématiquement positifs, la réduction massive de la taille de la classe semble la solution la plus efficace. D’autant que, dans un contexte marqué par le manque de postes de remplaçants ou de RASED, demeure le risque de la tentation d’un détournement de ces moyens dédiés au « plus de maîtres que de classes » dans les écoles où il y a … « moins de maîtres que de classes » conclue Bruno Suchaut.

Lire l’étude intégrale : Plus de maîtres que de classes – Analyse des conditions de l’efficacité du dispositif