Vincent Peillon annonce 36 heures d’enseignement moral et civique au primaire à partir de 2015. Pas de grande nouveauté mais une opportunité, celle de réhabiliter « les débats réglés » à l’école.

La morale laïque à l’école, ce sera à partir de 2015. C’est ce qu’a annoncé lundi 22 avril le ministre de l’Éducation nationale. Vincent Peillon avait reçu quelque heures auparavant le rapport commandé en octobre dernier à la mission sur l’enseignement de la morale laïque emmenée notamment par Alain Bergounioux, historien et inspecteur général de l’Éducation nationale. Le ministre préconise pour le primaire de développer cet enseignement à raison de 36 heures annuelles, soit une heure par semaine, sans plus de distinction entre les cycles. Ce sera au Conseil supérieur des programmes (CSP), appelé à réécrire les programmes scolaires dans leur ensemble pour 2015, que reviendra la charge de préciser les modalités de mise en œuvre de cet enseignement. Ce dernier est définitivement baptisé « enseignement moral et laïque », selon la dénomination exacte voulue par les députés dans le cadre du débat parlementaire sur le projet de loi d’orientation et de programmation pour l’école.

Un volume horaire identifié

En réalité, l’annonce du ministre ne présente qu’une seule vraie nouveauté, celle de doter cet enseignement d’un volume horaire clairement identifié alors que jusqu’ici, que ce soit sous le nom de « vivre ensemble » ou « d’instruction civique » il était fondu dans les horaires dédiés à l’histoire et à la géographie quels que soient les cycles. Ce sera encore au CSP de déterminer comment ces heures devront être dégagées. Ceci-dit, l’enseignement moral et civique n’est pas en soi une nouveauté. Les maîtres enseignent déjà ces valeurs à l’école. Cependant, le SNUipp estime que pour aller plus loin, beaucoup reste à faire d’ici à 2015 en termes d’approche pédagogique et d’adaptation didactique aux différents cycles.

Réhabiliter les débats réglés

Lors des concertations de l’été dernier sur le projet de loi, le SNUipp avait fait plusieurs propositions sur cette question. L’enseignement moral et civique ne doit pas se traduire par un apprentissage à la lettre de maximes inscrites au tableau, comme l’a caricaturalement préconisé un ancien ministre. Il consiste à amener les élèves à réfléchir sur leurs attitudes, à construire des règles et des valeurs communes. Le syndicat estime d’ailleurs qu’il y a là une opportunité de réhabiliter les « débats réglés » organisés par le biais de supports adaptés tels des albums de littérature jeunesse, des films ou documentaires, des situations de la vie quotidienne de la classe. Ces débats introduits en 2002 avaient été supprimés en 2008. Enfin, la bonne mise en œuvre de cet enseignement passe aussi par une prise en compte, dans la formation initiale et continue des enseignants, des compétences nécessaires.

Télécharger :

- le rapport de la mission sur l’enseignement de la morale laïque