Après plusieurs mois de concertation, qui se sont conclus par le départ de l’ensemble des organisations syndicales représentatives, le ministère de l’Education nationale a dévoilé ses mesures pour “des professeurs mieux rémunérés”. Les conclusions sont loin des engagements pris par E. Macron qui déclarait en avril 2022 : « Il faut mieux reconnaître tous nos enseignants qui, aujourd’hui déjà, font des choses difficiles, font beaucoup plus, et ne sont pas mieux rémunérés pour cela » promettant alors dans sa lettre aux enseignant·es à la rentrée dernière que “Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10%». Retrouvez l’analyse de la FSU-SNUipp sur ce lien : https://www.snuipp.fr/actualites/posts/salaires-des-promesses-non-tenues
Le ministère a fait des annonces en trois parties : rémunération “socle”, “pacte enseignant” et déroulement de carrière. Les documents d’application, décrets et arrêtés, sont en discussion avec la DGRH et passeront en CSA MEN le 31 mai.
La FSU-SNUipp 86 incite les équipes à échanger en équipe sur ce sujet, notamment sur le pacte auquel notre fédération est opposée, et à nous faire remonter vos analyses à snu86@snuipp.fr .
Le socle
Le “socle” sera la partie du salaire des enseignant-es qui augmentera sans contre-partie grâce à une prime. La FSU-SNUipp continue à demander que ce soit le point d’indice qui augmente et non les primes.
Le socle est constitué :
- d’une augmentation de l’ISAE porté à 2 550€ brut par an pour toutes celles et tous ceux qui la percevaient (victoire de la FSU-SNUipp), soit une augmentation de 96€/net par mois pour les collègues à temps plein. Pour les collègues (conseiller-ères pédagogiques, enseignant-es référent-es à la scolarité des élèves en situation de handicap, enseignant-es référent-es pour les usages du numérique, enseignant-es en milieu pénitentiaire, maître-esses formateur-trices et formateur-trices académiques, etc…) qui ne touchent pas l’ISAE, ils/elles auront une augmentation similaire de leurs indemnités particulières.
- d’une augmentation de la prime d’attractivité en plus pour les collègues de l’échelon 2 à 7 et le bénéfice de cette prime étendue aux professeurs/psy stagiaires… mais en contrepartie la prime instaurée l’année dernière pour les stagiaires est retirée.
- échelon 1 : + 66 € net / mois
- échelon 2 : + 55 € net/mois
- échelon 3 : + 94 € net/mois
- échelon 4 : + 119 € net/mois
- échelon 5 : + 127 € net/mois
- échelon 6 : + 114 € net/mois
- échelon 7 : + 43 € net/mois
Pour calculer les changements sur votre fiche de paye, utilisez notre outil : https://www.snuipp.fr/actualites/posts/combien-en-plus-sur-ma-fiche-de-paie
Le pacte
Le pacte est la partie de rémunération supplémentaire que les enseignant-es vont obtenir contre des heures supplémentaires.
Le ministère liste une série de missions qui rapporterait chacune 1250 euros bruts par an. Le pacte fonctionne avec des “briques” qu’il est possible de cumuler. Chaque collègue pourrait obtenir 3 briques, soit 3 séries de missions, et donc pourrait potentiellement obtenir 3750 euros bruts de plus par an. Il serait possible également de faire des ½ briques. Si les enseignant-es se portaient volontaires et, en fonction des dotations disponibles, ils se verraient rémunéré-es à l’issue des missions définies dans le pacte.
Il existe une mission qui entre dans une brique de 18h, des missions qui entrent dans des briques de 24h chacune et des missions forfaitaires, non quantifiables. Mais pour accepter une mission de niveau 2, il faudrait avant avoir accepté la mission de niveau 1… Attention, il faut attendre les décrets d’application pour avoir l’ensemble de la procédure.
Niveau 1 : Remplacements des absences de courte durée pour les enseignant-es du second degré et heures de soutien en sixième pour les professeur-es des écoles sont les missions prioritaires pour le ministère. Les enseignant-es qui s’engagent dans ces « missions ultra prioritaires » auront 18 heures – « 30 minutes par semaine » – à effectuer pour toucher 1250 euros. Soit 69 euros de l’heure. Un gain substantiel selon le cabinet qui rappelle qu’aujourd’hui « un professeur des écoles qui fait une heure supplémentaire gagne 28 euros. Dans le second degré, c’est 45 euros la HSE pour un certifié et 55 pour un agrégé ».
Niveau 2 : Pour les autres missions, celles qui ne seront pas en face à face avec les élèves tout comme celles qui ne sont pas prioritaires, le pacte sera composé de 24 heures payées aussi 1250 euros, soit 52 euros de l’heure. « Dans le premier degré, il s’agit de missions de coordination, de mise en œuvre de projets innovants dans le cadre du CNR (conseil national de la refondation), d’accompagnement d’élèves a besoins éducatifs particuliers. Nous allons former un référent dans chaque établissement pour répondre aux besoins de ses collègues sur la question de l’inclusion » explique le cabinet du Ministre. Les enseignant-es pourront aussi effectuer des heures de soutien si à la suite du passage des évaluation CP, CE1 et CM1, l’équipe pédagogique constate des difficultés persistantes chez les élèves. « On amplifie aussi les stages de réussites éducatives » ajoute-t-on. Dans le seconde degré, les missions seront liées principalement à la découverte des métiers mais les enseignants de collèges et lycées pourront aussi participer à Devoirs faits qui devient obligatoire pour tous les élèves de sixième dès la rentrée 2023 et aux stages de vacances apprenantes.
Les directeurs-trices vont être lourdement sollicité-es pour le pilotage de la mise en place du Pacte avec un système chronophage et d’inspiration managériale pour les directions : une “évaluation des besoins à couvrir” en concertation sur l’école, la préparation “d’une estimation des besoins en unité pacte”, le lancement “d’un appel à candidature” auprès des enseignant-es, la réception des candidatures et la répartition des “unités pacte” entre les volontaires, la signature de “lettres de mission” pour chaque mission et chaque enseignant-e, le contrôle des heures effectuées par les collègues pour attester le service fait, la réalisation et la présentation d’un bilan de tout cela en fin d’année… Ces charges supplémentaires sont en lien avec l’autorité fonctionnelle mise en place par la loi Rilhac. Ils/elles devraient bénéficier d’une indemnité pour ce pilotage et pourront également participer à des missions du pacte.
Déroulement de carrière
Hors classe : le ministère annonce une augmentation du taux de promotion à la hors classe ce qui permettra d’y accéder plus rapidement. Il passera de 18% à 21% dès l’année 2023, ce qui permettra d’obtenir 5000 promotions supplémentaires, pour atteindre 23% en 2025.
Classe exceptionnelle : le contingent sera porté dès cette année de 10% à 10,5% (par rapport au volume de collègues à la Hors Classe) et restera sur la base d’un contingentement entre deux viviers. Pour la rentrée 2024, il est annoncé la fin du contingentement d’accès à la classe exceptionnelle en fonction du volume de personnels à la hors classe, et son remplacement par un taux de promotion.
Par ailleurs, l’échelon spécial de la classe exceptionnelle devient un échelon automatique avec la création d’un 5ème échelon accessible à tous/tes à l’issue d’une durée de 3 ans dans le 4ème., alors qu’il était jusqu’à présent soumis à un avis de la hiérarchie.
Ces mesures vont dans le bon sens dès lors qu’elles permettent un accès beaucoup plus large des PE à une rémunération plus élevée en fin de carrière.
Revendications de la FSU-SNUipp
La FSU-SNUipp exige une revalorisation de toutes et tous, sans contrepartie, dans le cadre d’un plan de programmation pluriannuel. Notre service public est au bord de l’effondrement, comme tant d’autres, et ne tient que grâce à l’engagement sans faille des personnels. Le mépris, ça suffit !
La FSU-SNUipp revendique en ce qui concerne les salaires :
- Revaloriser immédiatement les salaires de 300 euros nets pour toutes et tous par l’ajout de points d’indice sur les grilles indiciaires.
- Revaloriser la valeur du point d’indice de 70 centimes, ce qui compense les 14% d’inflation cumulée depuis 2010 non répercutée sur les salaires des agent·es de la Fonction publique.
- Indexer la valeur du point d’indice sur l’inflation.
- Refonte de la grille indiciaire permettant l’accès de toutes et tous à l’indice 1000 avant la fin de carrière.
- Mettre fin aux inégalités salariales femmes/hommes.
- Améliorer les grilles de salaire des AESH
- Revaloriser les frais de déplacements et ISSR
La FSU-SNUipp revendique en ce qui concerne le temps de travail :
- Une baisse du temps de travail passant par la déconnexion horaire des temps élèves/enseignan-es pour aboutir à temps de service de 18h + 3h grâce à la mise en place généralisée du dispositif « Plus de maîtres que de classes ». Cela passe par un plan massif de recrutement de personnels.
- Pour la FSU-SNUipp, la première étape est la suppression sèche des APC afin de récupérer tout le temps de travail non reconnu par l’Administration (réunions et rendez-vous avec les parents qui dépassent évidemment les 24h, 10 minutes d’accueil, rédaction des différents projets…) et de mettre fin à ce dispositif trop souvent inefficace.