Article extrait du bulletin syndical du SNUipp-FSU 86 de mai 2021 

En 2018, un peu plus de 520 000 étudiants étaient inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur privé en France. Depuis 1998, ce chiffre a augmenté de 77%, alors que la part des étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur public n’a crû que de 6%. En 2020, le référencement des formations privées a progressé de 50 % sur la plate-forme Parcoursup où les écoles privées sont inscrites au même titre et selon le même affichage que les établissements publics. La nouvelle appellation des cursus des IUT, les « Bachelors Universitaires de Technologie, » , légitime les établissements privés qui avaient déjà utilisé la terminologie de « bachelor » pour leurs formations postbac non reconnues par l’État.

Près de nous, l’enseignement privé se développe à grand renfort d’argent public : le Conseil Départemental de la Charente et l’Agglomération niortaise favorisent ainsi l’installation par dizaines d’écoles d’enseignement supérieur privé : 21 formations à Angoulême, au moins 16 à Niort. Toujours à Niort, la « catho », « Université » Catholique de l’Ouest affiche son ambition d’atteindre la barre des 500 étudiants d’ici 5 ans et 1200 à terme. Une école d’ingénieur privée, en concurrence directe avec les formations publiques, demande le soutien des collectivités locales pour s’installer à Poitiers.

Cette évolution ne doit rien au hasard. Les réformes successives (autonomie des universités, LMD, Parcoursup) et le sous-financement structurel des universités publiques sont les instruments d’une concurrence déloyale entre public et privé : d’un côté on étrangle les universités publiques, on refuse des étudiants, on ferme des formations, de l’autre, on s’installe librement avec le soutien de l’argent public et les frais d’inscriptions des étudiants.

L’indispensable démocratisation de l’enseignement supérieur passe par un meilleur accès et une plus grande réussite de toutes les classes sociales. Ce ne sont certainement pas la sélection et le développement du privé qui nous permettront d’y parvenir !

Anne Joulain, Secrétaire de la section Université de Poitiers du SNESUP