Déclaration de la FSU-CGT Educ’Action au CTSD 8 mars 2021
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Mesdames et Messieurs les membres du CTSD,
Ce CTSD se tient à nouveau dans des conditions particulièrement difficiles pour toute la communauté éducative. Le virus de la COVID est bien présent dans les écoles et sa circulation se poursuit avec l’augmentation de cas des différents variants.
Plutôt que de minimiser, comme il le fait depuis des mois, ou de tenter d’étouffer tout feu médiatique, le gouvernement serait bien inspiré de regarder la réalité sanitaire en face.
L’enjeu, pour le FSU-CGT Educ’Action, c’est de maintenir l’ouverture des écoles, seule solution à même de ne pas creuser davantage les inégalités scolaires, de permettre aux élèves de poursuivre les apprentissages collectifs et de maintenir un lien entre eux.
Mais cela ne peut être rendu possible que si la sécurité dans les établissements scolaires est garantie au quotidien et qu’elle s’accompagne d’une priorité nationale en ce sens.
Aujourd’hui, la multiplication du nombre de cas positifs chez les élèves, chez les personnels de l’Éducation nationale comme ceux des collectivités, nous questionne sur les moyens mis en place pour à la fois endiguer l’épidémie et protéger celles et ceux, élèves et adultes, qui travaillent dans les écoles.
Dans le département, les 15 jours de vacances d’hiver se sont avérés salutaires pour baisser provisoirement le nombre de cas mais les chiffres dans la Vienne repartent à la hausse.
Pour le FSU-CGT Educ’Action, la politique sanitaire du ministère n’est pas suffisante et doit s’accompagner d’autres mesures comme :
- Un accès prioritaire à la vaccination pour les personnels de l’Éducation nationale qui le souhaitent,
- une réelle campagne massive de tests salivaires et PCR dans les écoles, de façon à isoler rapidement les cas positifs et endiguer les chaînes de contaminations.
- Un équipement en masques chirurgicaux de type 2 à usage unique pour les personnels comme pour les élèves
- Par ailleurs, un travail doit être mené avec l’ensemble des collectivités pour obtenir l’investissement dans des détecteurs de CO2, ainsi que l’installation de plus de points d’eau pour faciliter les gestes barrière.
C’est à ces seules conditions que nous pourrons maintenir les écoles ouvertes, sans risque pour celles et ceux qui les fréquentent.
Nous rappelons que la santé des élèves et des personnels est un enjeu fort de santé publique car elle concerne des millions de personnes susceptibles, si rien n’est engagé pour l’éviter, de propager très rapidement le virus à l’ensemble de la société.
Avec plus de 100 000 élèves contaminés depuis le mois de septembre, selon le décompte parcellaire du ministère, ce sont des mesures fortes qui sont attendues aujourd’hui par le FSU-CGT Educ’Action.
Pourtant, au lieu de traiter les conséquences scolaires et sociales de la pandémie dans les écoles, Jean-Michel Blanquer poursuit inlassablement “comme si de rien n’était”, sa politique éducative dévastatrice qui met à mal l’école publique.
Il multiplie les attaques, ciblant simultanément les formations initiales, continues, spécialisées avec le CAFIPEMF et le CAPPEI ; cherchant à instaurer une méthode de lecture ministérielle, attaquant la maternelle dans ses fondements, réformant l’Éducation Prioritaire…
Sans parler des conclusions ubuesques issues du Grenelle de L’Éducation !
Et pendant que cette liste s’allonge, de nombreux dossiers restent au point mort, évoluent plus que lentement, voire régressent complètement…
C’est par exemple le cas de la revalorisation salariale, annoncée à grands renforts médiatiques, repoussée mois après mois, promise comme «historique» mais laissant pour l’instant sur le bas-côté près de 7 enseignant-es sur 10…
A propos de revalorisation, nous sommes aujourd’hui le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Et nous ne pouvons faire l’économie de rappeler ici la nécessité d’une revalorisation de toutes et tous avec comme objectif de réduire les inégalités salariales entre femmes et hommes.
N’oublions pas qu’à compétence égale sur un même poste, les femmes gagnent 19,2 % de moins que les hommes d’après l’étude du Ministère en 2016. Les inégalités femmes-hommes au travail sont donc réelles et la situation est d’autant plus dramatique pour les femmes “pauvres”. La FSU/CGT Educ’Action dénonce un système économique qui perpétue et aggrave les inégalités en cantonnant les femmes dans les métiers les plus précaires, les moins qualifiés et par conséquent les moins rémunérés comme en témoigne la situation des AESH qui ne voient pas les réelles améliorations tant annoncées par la mise en oeuvre des PIAL. Ce métier est aujourd’hui occupé à 92% par des femmes et illustre parfaitement l’absence de considération que l’Éducation nationale porte à celles-ci. Une fois encore, alors que l’égalité femmes-hommes a été déclarée ‘grande cause nationale’ par le Président de la République, pour la FSU/CGT Educ’Action, le compte n’y est toujours pas.
Aussi, à la lumière de tous ces éléments, nous préférons, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, vous alerter à nouveau, comme nous avons eu l’occasion de le faire à de trop nombreuses reprises, sur la réalité du climat dans les écoles. Nos collègues sont épuisé-es, un certain nombre d’entre eux sont au bord de la rupture, les directeur-trices sur sollicité-es et en première ligne permanente : conditions de travail dégradées, injonctions contradictoires, gestion d’élèves relevant du soin, commandes institutionnelles qui ne font plus sens, non remplacement, pressions ou incantations à mettre en place « coûte que coûte » les plans français ou maths … alors même que dans les écoles l’urgence et les préoccupations sont ailleurs !
Autant d’éléments qui alimentent la défiance et la lassitude. Tout cela a un coût. Un coût désastreux en termes de santé physique et mentale, un coût tout aussi néfaste sur les ambiances d’équipes.
Nous ne comptons plus les appels de détresse de nos collègues qui quotidiennement nous rapportent leur mal être au travail. Les arrêts maladie, l’augmentation des demandes de démission ou de rupture conventionnelle, les difficultés de recrutement… sont ainsi des indicateurs alarmants qui doivent être traités en urgence par l’Etat employeur.
La carte scolaire devrait être un levier pour permettre à chaque enseignant de mener sa mission dans la sérénité et en santé.
Au final, il apparaît clairement que la dotation négative de – 4 postes ne donne absolument pas les moyens pour couvrir tous les besoins du département. Se baser seulement sur le E/C pour répartir les postes au niveau académique est aberrant. Cela montre une grande méconnaissance des réalités du terrain. Comment d’ailleurs comprendre ce chiffre lorsque notre département s’est dit prêt à l’automne dernier à recruter pas moins d’une trentaine de contractuel-les pour faire face aux besoins criants en remplacement, quand certaines circonscriptions sont déjà à – 19 alors que des congés longs se profilent ?
Concernant les travaux de ce jour, nous voyons encore une fois, que depuis le groupe de travail, les secteurs qui réussissent avoir l’appui d’élu-es, de parents en capacité d’organiser des pétitions, des mobilisations, ont fait la une de l’actualité et vont peut-être connaître une issue favorable à leurs revendications. Et, cela sera une bonne nouvelle. Voir des mobilisations dans les écoles montre l’attachement des territoires au service public d’Éducation. Nous, la FSU-CGT Educ’Action, nous porterons aussi aujourd’hui les situations des secteurs où les élèves n’ont personne pour leur permettre d’être à la une des journaux locaux, personne pour demander une audience au cours de la semaine précédente pour défendre leurs situations, mais qui ont peut être plus que d’autres besoin de l’école, pour les aider à des désirs d’émancipation et à la construction d’un avenir, si ce n’est meilleur, un avenir réfléchi, désiré, construit et non contraint à des prédestinations géographiques ou sociales.
“ La haine, c’est la colère des faibles ! “ avait écrit Alphonse Daudet, et effectivement les élèves de l’école maternelle de Poitiers du même nom de l’auteur peuvent avoir la haine d’être les faibles dans ces opérations médiatiques et politiques autour de la carte scolaire, de ne pas avoir pour l’instant leur école écrite dans les ouvertures évidentes de cette carte scolaire de mars. On pourrait en dire tout autant de celles et ceux de la maternelle de Poitiers Andersen. Les appels à l’aide des enseignant-es en élémentaire de Poitiers Brel, Brassens ou Daudet, s’il n’y a pas le caractère d’urgence des situations en maternelle, doivent aussi être entendues. Monsieur l’Inspecteur d’Académie, nous vous savons préoccupé comme nous par l’évolution de ces écoles en difficultés, vous l’avez prouvé lors des cartes scolaires précédentes en abaissant le nombre d’élèves nécessaires pour une ouverture en éducation prioritaire, aujourd’hui nous ne pouvons croire que vous reniiez cette lutte de classe sociale qui doit être menée en première ligne par l’éducation nationale.
Par ailleurs, nous avons été très surpris en découvrant les documents de travail préparatoires à ce CTSD. Lundi dernier, lors du GT, nous avons porté de nombreuses situations dans une ambiance studieuse et responsable avec les Inspecteurs et Inspectrices de circonscription. Nous avons fait remonter certaines situations dont la fermeture, compte tenu des chiffres annoncés, paraissait devoir être levée de façon évidente. Nous pensons aux maternelles de Smarves et de Sèvres-Anxaumont par exemple. En cas de fermeture, la moyenne de ces écoles dépasserait 26 élèves de moyenne. Vous comprendrez alors pourquoi nous nous demandons à quoi a bien pu servir ce GT ? À quoi cela sert-il de travailler avec les écoles, avec les élu-es, avec les parents pendant plusieurs mois, pour voir que quasiment aucune situation n’a bougé entre le GT et le CTSD ? Que les territoires doivent attendre fébrilement la fin de ce CTSD, bien trop court pour porter correctement toutes les situations, pour savoir si la règle annoncé des 24 élèves par classe va être respectée ou si nous allons leur annoncer qu’une classe va être fermée dans leur commune au mépris des règles édictées. Bien des écoles n’ont pas eu de retour, ou de visite des IEN depuis le Groupe de travail. Nous ne voudrions pas voir invoquer le manque de temps car ce n’est pas nous, organisations syndicales, qui sommes à l’origine des multiples modifications du calendrier. Modifications qui nous ont d’ailleurs mis dans l’embarras dans nos écoles ou dans notre vie de famille. Il aurait fallu sûrement avoir plus de temps entre le GT et cette instance. Nous vous demandons donc, Monsieur L’Inspecteur d’Académie, de suspendre jusqu’au mois de juin toutes les situations pour lesquelles le travail de remontée des effectifs n’a pas été finalisé.
En conclusion, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, la carte scolaire est un moment attendu chaque année par nos collègues, elle est espérée comme redoutée comme en témoignent les différentes mobilisations de ces dernières semaines. Le signal que vous avez lancé en projetant plus de 44 fermetures est évidemment très négatif et incompréhensible au vu de la situation sanitaire et sociale actuelle. Nous répétons qu’à l’inverse, c’est d’un plan d’urgence dont a besoin l’école publique et nous continuons de demander à bénéficier d’une dotation majorée issue de la réserve de postes effectuée par le ministère.
C’est pourquoi au cours du groupe de travail du lundi 1er mars nous avons défendu toutes les situations que nous avions reçues, pas moins de 150 écoles, soit la moitié des écoles du département. Nous avons porté l’ouverture, dès ce CTSD, de postes dans les écoles maternelles de Daudet, Andersen, Matisse/Lakanal, Pasteur, un dispositif moins de 3 ans aux Guiraudières, Chaunay, Roches Prémaries, Poitiers Pagnol ; les écoles élémentaires de Daudet, Brassens, Brel, Micromégas, Pérochon ; et dans les écoles primaires de Lavoisier, Les trois moutiers, Chiré en Montreuil, Perrault, Savigny L’Evescault,
La FSU/CGT éduc’action a aussi rappelé le besoin en postes de remplaçants supplémentaires, de maître formateur, d’UPE2A, d’enseignants référents et de RASED.
Nous nous opposerons donc au cours de ce CTSD à toutes les décisions qui iront dans le sens d’une dégradation du Service Public d’Éducation.