Les livrets Personnels de Compétences

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Le livret de compétences, encore un outil qui renvoie l’enseignement à une logique au service de la rentabilité économique et du profit. En 2005 déjà, la loi Fillon avait développé cette idée d’une conception utilitariste et normative de l’école. A travers le socle commun et son dernier avatar le « livret de compétence », c’est un enseignement qui privilégie l’acquisition et l’évaluation de compétences dites de base, de normes et de repères qui est mis en œuvre. La recherche montre pourtant que les élèves qui ont du mal à entrer dans les apprentissages n’y entrent pas mieux avec des programmes réduits au minimum. Pire, l’introduction d’une évaluation de normes comportementales trahit une volonté de « formatage » de la jeunesse dans un sens conforme aux dogmes de la flexibilité et de la mobilité du marché du travail.

La mise en place du livret de compétences pose de nombreux problèmes :

  • D’un point de vue pédagogique

Le système de validation ne permet pas une approche fine des progressions et une analyse des réussites partielles. L’élève est censé avoir acquis telle compétence à telle date (et pourquoi pas à telle heure !?!) comme si cela devenait définitif. De plus, nombre d’items renvoient à une évaluation totalement subjective. Comment évaluer par exemple « Respecter tous les autres, et notamment appliquer les principes de l’égalité des filles et des garçons » ou encore « Avoir conscience de la dignité de la personne humaine et en tirer les conséquences au quotidien » ?!?

Présenté comme « simplifié et plus lisible pour les parents », ce livret ressemble surtout à une usine à gaz peu compréhensible venant en concurrence avec le livret scolaire qui doit toujours être rempli et présenté aux familles. De plus, la définition des items est très disparate et renvoie de fait trop souvent aux choix locaux pour arbitrer le niveau d’exigence requis. Si l’on comprend bien ce que signifie « Restituer les tables d’addition et de multiplication de 2 à 9 », comment évaluer l’item « fourre-tout » : « mobiliser ses compétences pour comprendre des questions liées à l’environnement et au développement durable » ?!?

Last but not least… à partir de quels items, de combien, valide-t-on une compétence ? Que faire si certains domaines n’ont aucun item validé ? Tous les items ne sont pas de même nature, de même difficulté, de même valeur !

  • D’un point de vue éthique

Alors même que le ministère a dû retirer de Bases Elèves tout ce qui concernait le dossier scolaire des élèves, l’informatisation du livret de compétences porte en elle un risque de fichage des élèves. Qui aura accès à ces données ? Dans quel but ? Le risque que les élèves soient catalogués dès le plus jeune âge sans droit à l’erreur et à l’oubli de ces erreurs est réel.

  • Du point de vue de la charge de travail

Un tel livret nécessite de nombreuses heures d’analyse, de concertation et de remplissage sans qu’aucun temps institutionnel ne soit dégagé…

Enfin, et cela n’est pas qu’anecdotique, aucun financement n’est prévu pour l’impression de ces livrets obligeant dans la plupart des cas les écoles à se mettre dans l’illégalité en finançant l’impression via la coopérative.

Évaluations nationales CE1 et CM2, mise en place du LPC … des dispositifs qui suscitent interrogations, inquiétudes et colère dans la profession, tant sur les finalités que sur les dérives possibles. Ils se mettent en place sans concertation, sous la pression et les injonctions de la hiérarchie. C’est pourquoi le SNUipp FSU revendique l’abandon de ces dispositifs.

Le SNUipp FSU dénonce ce nouveau dispositif pour toutes les raisons d’ordre pédagogique ou éthique développées.

Le SNUipp-FSU appelle au niveau national les équipes enseignantes à ne pas remplir ce Livret Personnel de Compétences et demande l’ouverture de discussions pour des outils d’évaluation et d’informations aux familles utiles à la réussite des élèves.

Pour le SNUipp-FSU Poitiers, c’est l’intérêt de tous les élèves qui doit guider les enseignants au moment de remplir ces livrets. Le but est d’enrayer ce dispositif. D’autres moyens sont donc possibles : valider toutes les compétences, barrer les items non évaluables… ou toute autre procédure décidée collectivement au sein de l’équipe en fonction des réalités locales. Communiquer l’information déjà aux collègues, parents, élus car ce qui n’était qu’un projet est à la porte de nos classes et n’a toujours fait preuve d’aucune concertation.

Utiliser la lettre en pièce jointe pour communiquer avec les parents du fichage de leur enfant (pièce jointe)
Motion du conseil des maîtres pour demander son abandon (pièce jointe)

Pour aller plus loin dans la réflexion, quelques dossiers bien réalisés :

celui du snu 38 http://38.snuipp.fr/spip.php ?article921

celui du snes http://www.snes.edu/SOCLE-COMMUN-LIVRET-PERSONNEL-DE.html

celui du CNRBE (collection national de résistance à base élèves) http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2011/03/18/boycott-livret-personnel-de-competences/