43h00, c’est en moyenne le temps hebdomadaire que les enseignants du primaire consacrent à l’ensemble de leurs activités professionnelles1. A partir d’une enquête flash, lancée en début de semaine et renseignée par plus de 30 000 enseignants des écoles, le SNUipp-FSU lève le voile sur la face cachée du travail enseignant.

Car enseigner ne se résume pas aux 27 heures hebdomadaires et réglementaires de service dont 25 heures 30 d’enseignement devant élèves. Le métier est constitué d’activités invisibles du grand public bien avant et bien après la classe.

D’après notre enquête, la préparation de la classe constitue la part prépondérante du travail « hors la classe » avec plus de 11 heures 30 qui lui sont consacrées en recherches, planification et élaboration des séances d’apprentissages, installation et fabrication du matériel pédagogique, préparation et correction des cahiers… Un temps professionnel qui se confond très souvent avec le temps personnel. Un récent rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale (1) pointait qu’une grande part de ces activités de préparation s’effectue « à domicile » par l’enseignant le soir, le mercredi, le week-end, pendant les vacances…

A ces heures s’ajoute du temps pour travailler en équipe afin d’élaborer des projets pédagogiques : réunions d’équipe (1h15 en moyenne par semaine) et concertations informelles (1h45 en moyenne par semaine). Des temps indispensables pour réguler les situations difficiles, partager les interrogations face aux difficultés des enfants, envisager des solutions… Des collaborations professionnelles nécessaires au suivi des élèves plus fragiles mais qui se font le plus souvent entre deux portes.

Enfin, les enseignants disent consacrer en moyenne près d’1h25 hebdomadaire à des entretiens avec les parents que ce soit sur rendez-vous ou de manière informelle, le matin ou le soir après la classe.

S’agissant des directrices et directeurs d’école, ils mènent quant à eux une forme de « double vie ». Tout en étant le plus souvent chargés de classe et donc astreints au temps de préparation, ils gèrent aussi l’animation de l’équipe, la planification de l’occupation des locaux, la collecte, le tri et la diffusion des informations institutionnelles, la relation avec les élus et les partenaires… Avec plus de 44 heures de travail par semaine, ils ne ménagent pas leurs efforts, le temps de décharge actuellement attribué pour remplir toutes ces missions étant loin de suffire. Les discussions les concernant, annoncées par le ministre, devront être l’occasion de repenser leur charge de travail, leurs responsabilités, les conditions pour y faire face (formation, temps de décharge, aide..) et une véritable reconnaissance de leurs missions.

Depuis trop longtemps, ce travail invisible mais bien réel n’est pas reconnu. Il participe pourtant à la réussite des élèves. La nécessité de sortir d’un exercice solitaire du métier et de s’appuyer sur une dimension plus collective de la prise en charge des apprentissages a été largement reconnue lors de la concertation. C’est d’une véritable discussion sur le métier d’enseignant prenant en compte le travail en équipe et les relations aux familles et aux partenaires dont l’école a besoin aujourd’hui. Cette enquête montre qu’il est temps de mieux prendre en compte les nombreuses missions réalisées par les enseignants au service des apprentissages des élèves. La révision des rythmes scolaires offre une belle occasion. Le ministre doit la saisir de toute urgence. C’est ce que le SNUipp-FSU lui demande.

Paris, le 25 octobre 2012

1 – Ce chiffre rejoint ceux du rapport de l’Inspection générale, Les composantes de l’activité professionnelle des enseignants outre l’enseignement dans les classes, Juillet 2012