Le SNUipp-FSU national à partir des remontées du terrain via l’enquête rythmes, a constitué un “contre rapport” pour sortir de l’angélisme autour des rythmes, s’inspirer des bonnes pratiques, pointer les dysfonctionnements et faire des préconisations.
De son côté le SNUipp-FSU 86 partant des résultats de l’enquête sur le plan départemental a présenté à la presse un contre rapport. (en pièce jointe). Comme au SNuipp-FSU 86, nous considérons que la réussite des élèves n’est pas seulement liée aux rythmes, nous avons fait aussi dans ce rapport un point d’état sur la carte scolaire et la mise en place des nouveaux dispositifs (formation, plus de maîtres que de classes, moins de 3 ans).
Depuis le début le SNUipp-FSU dit “Pas sans nous” et nous continuons de porter la parole des enseignants qui doit se faire entendre !
Notre position reste inchangée :
Oui, la journée de l’enfant doit être allégée.
Oui, les matinées sont davantage favorables aux apprentissages.
Oui, il faut donner accès aux plus fragiles à des activités péri-scolaires.
Oui, il faut conserver les dispositifs qui ont fait leur preuve (ex mercredi libéré)
Oui, le mieux vivre à l’école concernent aussi les conditions de travail des enseignants
Non, à des décisions sans concertation
Non, à des connivences Institution-mairie qui œuvrent pour des dispositifs qui ne vont pas dans le sens de l’amélioration des apprentissages
Non, à la réquisition des locaux, des personnels
Non à des pauses méridiennes allongées, bruyantes, agitées qui détériorent les apprentissages
Non à des temps identiques pour tous les âges
C’est pourquoi nous continuons à porter la réécriture du décret, dont vous trouverez les préconisations plus bas.
Sommaire
Pour les 52 communes passées en 2013 dans la Vienne :
si 35% estiment que les conditions d’apprentissage des élèves se sont améliorées, 25 % considèrent qu’elles se sont dégradées ! Les raisons invoquées : la mauvaise gestion de la pause méridienne qui ne permet pas un bon retour aux apprentissages l’après-midi, la mauvaise articulation de la semaine scolaire avec les activités périscolaires qui alourdissent les temps de l’enfant et pour 10% des réponses, à la baisse de personnels (ATSEM ou intervenants) sur le temps scolaire passés sur le temps périscolaire.
60% des enseignants interrogés considèrent que leurs conditions de travail se sont dégradées pour 25% qui jugent qu’elles se sont améliorées. Les raisons :temps d’animations pédagogiques placés en soirée, dégradation du climat scolaire (fatigue, énervement des enfants) L’occupation des salles par le périscolaire génant le travail des enseignants est cité à 15%.
Pour les 161 communes passant à la réforme en 2014 :
80% des conseils d’écoles sont en accord avec la mairie sur le projet présenté. Dans un département rural comme le nôtre, les marges de discussions sont minces car souvent liées aux contraintes de ramassage scolaire.
Seulement 25% des communes prévoient une organisation spécifique pour la maternelle.
Plus de 50% des communes n’ont pas de projet périscolaire programmé. certaines attendent le résultat des élections , d’autres notamment en rural, lient son existence aux locaux, et personnels est compliqué à trouver
Concernant les 2 principales villes Poitiers et Châtellerault, nous avons mis en avant la non adhésion des écoles avec le projet remonté par les mairies, qui ont pour point commun d’avoir une pause méridienne de 2 heures. Pour Poitiers, seulement 1/3 des conseils d’école ont soutenu le projet retenu par la mairie. Sur Châtellerault, 13 conseils d’école sur 20 ont rejeté la proposition de la mairie.
Voici nos préconisations pour une réforme réussie :
Un cadre national sur 4,5 jours d’école (différent de 9 ½ journées d’école) doit être fixé. Mais, comme avant 2008, à l’image du décret de 1991, des dérogations émanant des conseils d’école doivent être possibles : par exemple 5 matinées et 3 après midi d’école – la quatrième étant consacrée aux activités périscolaires, ou 2 mercredi sur trois comme à Poitiers ou 5 jours avec un nombre d’heures identiques par jour.
La concertation doit être efficace : seul un projet qui fait consensus a des chances d’aboutir car il aura pris en considération l’avis éclairé de tous les partenaires.
Même si les contingences de la municipalité sont à prendre en compte ( transports, financements, personnels…) elles ne doivent pas prévaloir sur l’intérêt de l’élève : ce sont les besoins de l’enfant pour améliorer sa posture d’élève qui doivent être le point de départ à toute discussion.
Mettre en cohérence et équilibrer les différents temps de l’enfant : par exemple, la pause méridienne comprend un temps de repas et un temps d’animation : ce sont des temps éducatifs qui doivent favoriser l’attention de l’élève pour la suite de sa journée scolaire. Les chrono biologistes insistent sur le fait que durant ce temps il y a une baisse de la vigilance inscrite dans le rythme biologique qui encourage à utiliser ce temps comme un moment de détente, de relaxation et de sieste pour les petits : il faut réfléchir à la pertinence d’allonger la pause méridienne si dans le même temps les activités sont excitantes susceptibles d’engendrer des énervements et des incidents.
Le bien être des enfants est corrélé au bien être des adultes qui l’encadrent. Pour ce qui est des enseignants, on doit préserver leur lieu de travail : la classe est un chantier, un lieu de vie qui ne peut être à la fois un endroit où on joue et un endroit où on apprend. Une charte d’utilisation des locaux est à minima nécessaire pour que des espaces soient réservés.
Les enseignants doivent avoir un temps pour le travail invisible : de préparation, de correction, de réflexion, d’appropriation, de formation personnelle et le mercredi après midi doit être préservé à cette fin. Les regroupements institutionnels doivent être inscrits dans l’emploi du temps de l’enseignant suivant le modèle de Poitiers : par exemple un après-midi par mois libéré pour des regroupements permettant le travail en équipe et les participations aux animations pédagogiques.
Le travail supplémentaire demandé aux directeurs(trices) d’école doit être pris en compte.
Le temps scolaire dans le cadre de la réforme des rythmes doit aussi faire l’objet d’une réflexion : les matinées exigeantes en mobilisation intellectuelle doivent être repensées pour être efficaces. Les enseignants doivent avoir du temps de formation pour réaménager leur emploi du temps, s’adapter aux besoins biologiques de l’enfant, alterner les activités et ce en lien direct avec les nouveaux programmes.
Des groupes de travail sur les particularités de l’école maternelle et l’école élémentaire doivent être engagés : la journée doit aussi être modulée en fonction de l’âge des enfants. Les enseignants doivent y être clairement associés.
Financement pérenne des Temps Activités Périscolaires assuré par l’Etat pour garantir l’égalité territoriale.
Pour l’heure, nous demandons que l’IA ne valide pas les projets qui ne font pas accord au sein des conseils d’école. Il faut donner la possibilité de reprendre les discussions et de déboucher sur les organisations consensuelles. Pour cela, nous demandons que toutes les équipes enseignantes disposent de temps pour se concerter.
Le CDEN qui arrêtera les projets d’organisation de temps scolaire
se réunira le 18 février 2014
Vous pouvez encore nous envoyer votre fiche de contrôle sur les rythmes : le lien ici
Communiqué national
Rythmes scolaires : le SNUipp-FSU rend son “contre rapport”
Le SNUipp-FSU rend public son « contre-rapport » sur la réforme des rythmes. Une enquête qui dresse un bilan de la mise en place 2013 et de la préparation de 2014. Il fait des propositions concrètes pour faire avancer le dossier, dont la nécessaire réécriture du décret.
Une bonne réforme, une réforme réussie, c’est une réforme qui s’appuie sur ceux qui sont chargés de la faire vivre au quotidien : les enseignants des écoles. Or, que ce soit pour 2013 ou que ce soit pour la préparation du passage à 2014, cette réforme se fait sans les enseignants, parfois contre eux et n’a pas été articulée avec des mesures significatives pour le métier en terme de temps, de salaires et de formation continue.
Pour faire avancer ces sujets, le SNUipp-FSU a décidé de leur donner la parole. Il rend public aujourd’hui le point de vue de 8 000 enseignants et équipes d’écoles dans un « contre-rapport » remis au ministre ce 12 février au sein du Comité national de suivi de la réforme.
Au final, c’est un sentiment d’insatisfaction qui prédomine. Même si des enseignants témoignent de réussites, fruit généralement d’une concertation approfondie s’appuyant sur une expérience et des moyens pour le périscolaire, la majorité fait état d’un vrai mécontentement : ils ont le sentiment d’être perdants sans pour autant que les enfants soient systématiquement gagnants : conditions de travail dégradées, impact sur la vie personnelle en temps ( trajets, animations pédagogiques les mercredis après-midi) et en argent ( trajets et garde d’enfant). A ce titre, le SNUipp-FSU demande le rétablissement de la troisième tranche des Chèques Emplois Services Universels qui permettait aux enseignants de toucher quelques centaines d’euros pour faire garder leurs jeunes enfants.
Pour 2014, les leçons ne semblent pas avoir été tirées. Plus de la moitié des conseils d’école n’ont pas été écoutés, des propositions d’organisation consensuelles ont été « retoquées » par les DASEN au motif qu’elles n’entraient pas dans le cadre rigide du décret .
Pour le SNUipp-FSU, cette réforme ne peut être généralisée avec succès à la rentrée prochaine. Tous les projets qui ne font pas accord ne doivent pas être validés par les DASEN. Il faut reprendre les discussions pour déboucher sur des organisations consensuelles. Du temps est nécessaire pour les équipes qui doivent être exemptées de l’APC. Parallèlement, le décret doit être réécrit : au cadre national de quatre jours et demi, des dérogations émanant des conseils d’école doivent être possibles comme avant 2008.
Dans le même temps, les enseignants du primaire méritent plus de reconnaissance. Ils ont beaucoup d’élèves, font beaucoup d’heures et sont mal payés. Il faut avancer sur une redéfinition de leur temps de service à 21 H ( devant élèves) + 3 H ( préparation, concertation, relation aux familles) sans pour autant baisser le temps d’enseignement des élèves. Un premier pas va être franchi pour tous les enseignants en REP + en 2015.
Il faut aussi avancer très vite pour inverser le déclassement salarial des PE. L’alignement de l’ISAE, bloquée pour l’heure à 324 euros nets, sur l’ISOE du second degré est une urgence.
Télécharger :
Le contre rapport
L’analyse du SNUipp-FSU