Le rapport n°2018-076 de l’Inspection générale (daté de juillet 2018 mais publié seulement maintenant) sur les SEGPA se base sur une mission réalisée sur l’année scolaire 2017-2018 dans le cadre de la circulaire 2015, pour observer comment la structure SEGPA s’organise pour mettre en œuvre le principe d’inclusion énoncé dans la loi d’orientation 2013.
Ce rapport développe 43 préconisations à partir de 5 thèmes censés favoriser l’inclusion des élèves en grande difficulté en classe ordinaire : mieux cerner la difficulté des élèves, confirmer les SEGPA dans leur capacité à répondre au principe d’une école inclusive, la mise en œuvre d’un pilotage renforcée, conforter les SEGPA dans la capacité de traiter la grande difficulté scolaire et agir sur les enseignements professionnels en les articulant aux autres enseignements.
Pour les inspecteurs, « …sans une implication de tous les acteurs, le principe d’inclusion peine à évoluer au sein de la structure Segpa…la construction des modalités mises en œuvre au cycle 3 doit être poursuivie, prolongée au cycle 4, en réponse à la loi et aux enjeux de l’école inclusive ». Il s’agit de considérer la SEGPA non comme une structure à part entière mais plutôt comme un « pôle ressource de la difficulté scolaire » favorisant l’individualisation au sein du collège.
Pour permettre cette fusion dans le collège, le rapport propose « d’envisager une dotation horaire globalisée (DHG) unique collège-SEGPA pour simplifier le pilotage des deux structures administratives ». Il renvoie également aux principaux de collège et aux principaux adjoints de SEGPA, devenus « personnel de direction » par un nouveau recrutement, la responsabilité de la modularité des enseignements envisagée qui structureront et organiseront les services des enseignants. Les ateliers seraient externalisés et les missions des enseignants spécialisés redéfinies pour « apparenter les missions des professeurs spécialisés aux missions des coordonnateurs d’ULIS ».
Un diagnostic erroné pour de mauvaises solutions
Le terrain d’observation est essentiellement concentré sur des départements où la 6ème inclusive a été mise en œuvre précipitamment, sans concertation et au détriment de la Segpa. Les constats et recommandations sont ainsi guidés par ce parti-pris que la suppression de la classe de 6e SEGPA favoriserait l’inclusion dans les classes ordinaires et serait un progrès et une règle à suivre.
Ce bilan ne s’appuie pas sur la diversité des SEGPA et tout ce qui fait la spécificité de cette structure.
Il est question de mettre en place une modularité des enseignements, de renforcer les pilotages par les corps d’inspection, de modifier les objectifs de l’enseignement pré-professionnel en SEGPA vers de l’enseignement de technologie axée sur l’obtention du DNB pro complété d’une culture générale du monde de l’entreprise.
Les rapporteurs souhaitent aller vers une individualisation des parcours, mais en inscrivant tout le monde au DNB pro, en fusionnant la DHG de la SEGPA avec celle du collège sous couvert d’une « simplification de la gestion administrative » et un changement de statut des DACS pour les transformer en personnels de direction.
Les solutions proposées donnent un sentiment de saupoudrage des moyens pour traiter la grande difficulté scolaire. Le risque d’accroître le sentiment d’exclusion des élèves et la stigmatisation de leur difficulté est grand. Les préconisations de ce rapport interrogent sur l’avenir de la SEGPA Il préconise une dilution des moyens de prise en charge des élèves en difficultés scolaires en assignant aux enseignant.es spécialisé.es une mission de coordination dans un pôle ressources de la difficulté scolaire, plutôt que d’enseignement. Voudrait-on prendre le chemin d’un démantèlement de la SEGPA ?
Le SNUipp-FSU défend la conception développée par les personnels de l’enseignement adapté et des SEGPA lors des derniers états généraux des SEGPA, un outil efficace contre l’échec scolaire qui produit des parcours de réussite, notamment vers la voie professionnelle, et permet de lutter efficacement contre le décrochage scolaire en s’appuyant sur des pédagogies positives et exigeantes du « toutes et tous capable ». Par ailleurs, l’inclusion ne peut se faire sans moyens, sans concertation et en remettant en question tout ce qui fait la spécificité de cette structure.