Après plus de 2 ans, le collectif national RASED a enfin été reçu au ministère le 25 novembre dernier. Les attentes étaient fortes et la déception tout autant !

Les membres du collectif ont eu à cœur de rappeler le rôle essentiel des RASED, des 3 champs professionnels qui les constituent et de la pertinence de cette expertise professionnelle notamment dans un contexte fortement impacté par la pandémie et les conséquences du 1er confinement. Ils ont rappelé les multiples attaques du dispositif engagées depuis plus de 10 ans que ce soit en termes de postes supprimés ou de missions empêchées.

Le ministère a donné peu de réponses aux questions ou aux difficultés évoquées. Les interlocutrices présentes étaient-elles mandatées pour pouvoir répondre plus précisément ou pour instiller une toute autre vision du traitement de la difficulté scolaire et du rôle des RASED dans un avenir plus ou moins proche ?

On parle dévoiement des missions, on répond contexte d’urgence et organisations locales.

Il n’y aurait aucun mépris de la part du ministère, même lorsqu’il est évoqué les demandes faites oralement aux enseignant-es spécialisé-es de remplacer dans les classes où il y a des absences liées à la Covid. C’est le contexte et les organisations locales qui ont abouti à cela ! Notre demande d’une adresse aux DASEN pour que cela cesse est restée lettre morte. L’EN ne serait-elle donc plus comptable de l’action publique dans les territoires ?

Pour le collectif, les demandes voire injonctions faites aux PE de RASED de remplacer les enseignant-es absent-es sont inacceptables et nient le travail engagé avec les élèves les plus fragiles. Ces personnels ne peuvent pallier le manque de poste de remplaçants et l’incurie du MEN.

On parle grande difficulté scolaire, on répond handicap.

Le ministère semble ne pas prendre réellement en compte la difficulté scolaire et l’enseignement adapté. La politique de l’école dite inclusive ne s’adresse plus qu’aux élèves en situation de handicap, laissant sur le bord du chemin tous les autres et niant par la même occasion les besoins de ces élèves et des équipes sur le terrain. Le collectif a dénoncé le recours accru à la médicalisation de la difficulté scolaire là où il n’y a plus de RASED, car tant pour les enseignant.es que pour les familles, c’est la seule réponse encore possible.

Si le MEN souscrit au fait que nombre de recours à la médicalisation et à la MDPH sont abusifs, il élude la question du rôle des RASED pour remédier et prévenir la grande difficulté scolaire.

Pour le collectif, une école inclusive est une école qui se donne les moyens d’apporter de l’aide à tout enfant qui rencontre des difficultés à l’école, que sa difficulté relève en partie ou pas d’une situation de handicap avérée. La notion de difficulté scolaire, inhérente aux apprentissages a fortement tendance à disparaître et à être confondue avec une situation de handicap qui réclamerait une réponse médicale.

On parle du RASED, on répond PIAL

Outre la communication officielle qui se centre quasi exclusivement sur le handicap, les réponses du MEN renvoient à plusieurs reprises sur la mise en œuvre des PIAL et leurs évolutions, sur la professionnalisation des AESH, pour accompagner tous les élèves y compris ceux ne relevant pas du handicap. S’agirait-il donc de faire évoluer les missions des accompagnant-es des élèves en situation de handicap vers de l’accompagnement aux élèves en difficultés ?

Le MEN évoque l’évaluation des équipes pluri-professionnelles en cours (Audits des RASED de l’IGEN ?) comme source de progrès pour répondre au traitement de la difficulté.

Nous y voyons plutôt une stratégie pour régler son compte au RASED. D’ici là, c’est dans la classe et en tant qu’expert que le MEN voit l’action du RASED, non plus dans l’aide directe à l’élève.

On parle carte scolaire, on dit qu’on y réfléchit

Le MEN évoque lui-même un manque de visibilité sur les postes de RASED, mais affirme qu’en ETP les moyens RASED ont évolué positivement ces 2 dernières années. Pourtant, les besoins sont là encore plus prégnants du fait de la gestion de la crise sanitaire où l’expertise des postes RASED est importante pour soutenir les équipes pédagogiques.

Mais aux demandes de création de postes pour répondre aux besoins des élèves et des équipes pour éviter une externalisation et une médicalisation de la difficulté, il est répondu qu’ils n’ont pas de perspective de création de postes RASED tant les chantiers en cours sont nombreux. (Direction d’école, allègement des classes en GS, engagement sur l’école inclusive…).

On parle formation CAPPEI, on dit qu’il faudrait …

Aux demandes de départs en formation Cappei dans les dominantes pédagogiques et en particulier relationnelles, il est dit qu’elles sont toujours d’actualité et qu’il est nécessaire qu’il y en ait plus dès l’an prochain. Le collectif demande des actes forts sur ce thème comme sur d’autres et non de vagues promesses.

Pour conclure, le MEN reconnait que le travail des RASED n’est pas assez valorisé au sein de l’école inclusive et que l’EN ne peut s’en passer. Mais pour quelles missions ?

Pour le SNUipp-FSU, l’aide directe aux élèves en grande difficulté scolaire demeure le cœur de métier de ses personnels. Le rôle de personne ressource ne se conçoit que comme un travail partenarial dont le but est de faire évoluer positivement la situation de ces élèves et de penser ensemble la cohérence de leur suivi. Leur action ne peut être dissoute dans un pôle ressource et encore moins dans les PIAL comme l’a laissé sous-entendre le MEN lors de cette audience.

RASED IS

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