Suite à la demande de l’école Poitiers Tony Laîné mat, le SNUipp-FSU 86 a organisé une Heure d’Info Syndicale sur la question de la modification des rythmes scolaires à Poitiers le 15 novembre.

Des collègues adjoint-es ou directrice de 4 écoles étaient présentes (Daudet élém, La Licorne, Paul Bert, Tony Lainé mat) ainsi que 2 collègues Zil et une collègue UPE2A. Un collègue de Migné-Auxances était aussi présent.

Le SNUipp-FSU a rappelé l’histoire de l’organisation des rythmes scolaires sur Poitiers et les procédures pour effectuer une modification de rythmes scolaires (lien) avant de laisser la parole aux collègues présent-es.

Pourquoi demander une modification de rythmes sur Poitiers ?

Les collègues présent-es ont expliqué leurs demandes de modification :

Les résultats des élèves ?

aucune étude, y compris avec les évaluations nationales, montrent que les élèves en étant à 4 jours ½ présenteraient de meilleurs résultats que les élèves qui sont à 4 jours. Ce constat était déjà présent avant la réforme de 2013 quand la Vienne avait la moitié des écoles à 4 jours et la moitié à 4 jours ½ avec mercredis libérés (1 mercredi sur 3 sans élèves). 3 collègues présentes arrivaient d’autres départements, qui fonctionnent à 4 jours comme la majorité de la France, et confirment qu’elles n’ont rien vu ou ressenti comme “plus value” éducative supposée de la Vienne dans cette organisation à 4 jours ½.  Pour les collègues présent-es, si la recherche de la réussite des élèves est l’objectif principal, le critère de l’organisation scolaire n’est pas celui qui va donc déterminer cela.

Les conditions de travail des enseignant-es !

Les collègues présent-es estiment leurs conditions de travail dégradées par rapport aux collègues qui sont à 4 jours. Concrètement, sur 36 semaines, cela fait 36 mercredis travaillés en plus donc 20% de journées effectuées en plus, même si le mercredi ne présente que la matinée. Cela impacte l’ensemble du temps de travail des enseignant-es, y compris en dehors de la classe avec les réunions ou le temps de préparation, qui du coup perdent comme organisation possible le mercredi matin.

Le nombre d’enseignant-es à temps partiel

les collègues présent-es à temps partiel indiquent qu’elles ne le prendraient pas si l’organisation était à 4 jours. Ce temps libéré, que les collègues se payent, est un temps pour préparer sa classe en semaine et se libérer du temps le week-end, pour pouvoir souffler car il n’y a pas de pause en semaine, pour pouvoir avoir un temps pour caler ses obligations familiales ou personnelles… Certain-es collègues ont indiqué, suite au discours de l’administration dans le cadre de refus de demande de temps partiel, que moins de collègues à temps partiel donnera plus de personnels pour la Vienne et notamment pour le remplacement. Le SNUipp-FSU indique que cette affirmation est à minorer, car il existe une compensation partielle de l’état vers le département au regard du nombre de demande de temps partiels

Le périscolaire et le PEdT

Les collègues présent-es ne voient que trop peu la plus value du périscolaire actuellement dans leurs écoles respectives sur Poitiers. Il a été rappelé le budget dontbénéficie la mairie pour conserver une organisation à 4 jours ½ avec un PEDT : 50€ par élève et 90€ par élève en éducation prioritaire. De plus, tout le monde constate les difficultés de recrutement actuelles de la mairie de Poitiers pour le périscolaire qui indique que cette organisation du temps, avec des petits temps fractionnés, ne permet pas d’attirer et stabiliser le personnel dans une majorité d’écoles.

Des après-midis trop courtes ?

Des collègues présent-es ont fait remonter leurs appréciations de durée de l’après-midi trop courte, notamment en maternelle, pour l’organisation des apprentissages. Cette durée trop courte pour mener des projets, cela a été aussi indiqué qu’avec la réduction des après-midis de 2h30 à 2h15 sur Poitiers en 2013, la municipalité avait supprimé un créneau d’activités municipalisées par après-midi, n’en conservant plus qu’un.  

 

Autres éléments

Les collègues ont fait remonter individuellement d’autres éléments qui n’étaient pas forcément partagés par tou-tes ou qui dépenda ient de la localisation de l’école (éducation prioritaire ou quartier favorisé…etc.)  :

  • pause méridienne trop longue depuis 2013 (passé de 1h45 à actuellement 2h)
  • absentéisme le mercredi matin 
  • journées très longues pour les élèves avec garderie le matin et le soir
  • fatigue des enfants plus importante à 4 jours ½ qu’à 4 jours 
  • atsem demandent aussi passage à 4 jours
  • journées très longues pour les élèves en éducation prioritaire qui suivent un dispositif ensuite : Clas, accompagnement éducatif … 

 

Quelles sont les demandes des collègues présent-es pour leurs autres collègues sur Poitiers ?

Échanger sur les rythmes scolaires en conseil d’école

La mairie de Poitiers a déjà indiqué que les rythmes scolaires n’étaient pas un sujet de préoccupation de la profession… elle a tort et le SNUipp-FSU lui a déjà remonté lors de l’audience du 2 juin dernier (lire le CR ici). 

Les collègues présent-es appellent les équipes à évoquer en conseil d’école le sujet des rythmes scolaires malgré le refus de la mairie de l’évoquer. 

L’exemple de Châtellerault a été cité où une consultation des équipes a eu lieu suite à des remontées de conseils d’école pendant 3 ans malgré le blocage de la mairie. Vous trouverez les 2 propositions de la mairie de Châtellerault. Il est à noter que la réduction de la pause méridienne est présente dans les 2 situations…. ce qui est annoncé impossible à Poitiers qui a pourtant les mêmes contraintes avec des écoles allant de 2 cl à 21 cl.

Passage à 4 jours ou passage au décret Hamon ?

Semaine à 4 jours

La majorité des collègues présent-es portaient comme position le passage à 4 jours.

A la question du mercredi matin libéré pour les élèves, il a été rappelé que c’était des choix politiques municipaux de pouvoir effectuer une offre accessible ou ouverte à tou-tes les élèves. En ce sens, ce gouvernement a mis en place un “plan mercredi” permettant de financer et d’effectuer une offre le mercredi matin pour les élèves. La grande majorité des communes de la Vienne qui sont passées à 4 jours en bénéficie actuellement. De plus, le passage à 4 jours permet de faire des économies pour les municipalités sur les écoles le mercredi matin. 

A la question des après-midis trop longues pour certaines classes, comme les cycles 3 en éducation prioritaire, il a été rappelé que la journée pouvait être modulée pour avoir des matinées plus longues. Potentiellement, les demi-journées peuvent varier entre 3h30 et 2h30. A Châtellerault, la proposition sur 4 jours  s’est portée après un travail de concertation à des matinées de 3h10 et des après-midis de 2h50.  A la Rochelle, c’est 8h45 à 12h00, puis de 13h45 à 16h30. A Lyon, c’est 8h30 à 12h, puis 14h15 à 16h45. 

 

Semaine décret Hamon : 5 matinées et 3 après-midis

Un collègue de l’école Poitiers Daudet élém a soulevé la réflexion de son équipe pour l’organisation dite “Hamon” avec 5 matinées et 3 après-midis de classe par semaine. Cette organisation a lieu à Loudun (après-midi du mardi ou jeudi libérée), à Civray (après-midi du mardi libérée), à St Savin (après-midi du mardi libérée) ou à Nallier (après-midi du jeudi libérée).  

Cette organisation permet à la fois de conserver le mercredi matin et de se dégager une après-midi dans la semaine pour travailler en équipe et/ou travailler avec les partenaires et/ou avancer sur son travail en classe et/ou se libérer du temps pour son organisation personnelle. 

Cette organisation oblige la municipalité à effectuer une offre d’activités périscolaires l’après-midi libérée pour les élèves et elle continue à bénéficier du financement lié au PEdT. Sur une ville comme Poitiers, cela peut être imaginée comme une après-midi tournante selon les écoles (tel quartier le lundi, un autre le mardi …) permettant de faire tourner les animateur-trices et de leur faire bénéficier d’un vrai temps de travail. Cela permet aussi d’imaginer des activités en PEdt avec plus d’ambitions qu’actuellement, et notamment en bénéficiant de ce temps long pour utiliser les transports et les structures éducatives, culturelles ou sportives de la commune. 

 

Comment mettre le sujet en conseil d’école ?

C’est le directeur-trice qui convoque et propose l’ordre du jour du Conseil d’Ecole. Avant la réunion, le directeur informe l’IEN, convoque les membres du conseil d’école, et prend connaissance des sujets que les parents souhaitent inscrire à l’ordre du jour. L’ordre du jour doit être adressé au moins 8 jours avant la date de la réunion aux membres du conseil, titulaires et suppléant-es.

Le Conseil d’École « donne tout avis et présente toutes suggestions sur le fonctionnement de l’école et sur toutes les questions intéressant la vie de l’école ». La question des rythmes scolaires y a donc toute sa place. 

Aucune recommandation ou pression ne peut être exercée, notamment par l’IEN, pour empêcher le/la directeur-trice de mettre ce point à l’ordre du jour.

Le/la directeur-trice, en tant que président-e de séance, anime la réunion (mène le débat, distribue la parole et organise le vote). Il/elle se fait assister par un secrétaire de séance (membre du conseil).

Concernant le point sur les rythmes scolaires à compter de la rentrée 2022, un temps de présentation et d’échanges sur le fond et sur les conséquences locales doit pouvoir se tenir.

Le/la directeur-trice, comme les enseignant-es de l’école, peuvent s’exprimer librement.

Puis le conseil d’école doit émettre un avis quant au changement de rythme à compter de la rentrée 2022, qui passe nécessairement par l‘organisation d’un vote. Il est possible d’organiser un vote à bulletin secret si un des membres le demande.

 

“Monsieur le Directeur Académique,

Le conseil d’école de ……… réuni le …….. demande un changement de l’organisation

de la semaine scolaire à compter de la rentrée 2022.

Après une consultation de ses membres et un vote, le conseil d’école demande … .

Les horaires proposés seraient : …

Veuillez recevoir, monsieur le Directeur Académique, nos respectueuses

salutations.”

 

Après le conseil d’école

Un procès-verbal de la réunion est dressé et signé par son/sa président-e, puis contresigné par le/la secrétaire de séance et consigné dans un registre spécial conservé à l’école.

Deux exemplaires sont adressés à l’IEN, et un exemplaire au maire. Un exemplaire est affiché en un lieu accessible aux parents d’élèves. La délibération sera adressée au DASEN sous couvert de l’IEN avec copie au snu86@snuipp.fr

 

Position du SNUipp-FSU 86

Le SNUipp-FSU 86 est le porte-parole de la profession et portera vos positions d’école, quelles qu’elles soient, en CDEN (conseil départemental de l’éducation nationale) où sont actées les décisions et les modifications de rythmes scolaires.

La réforme des rythmes scolaire affichée comme devant répondre “à des objectifs pédagogiques pour permettre
aux enfants de mieux apprendre à l’école” n’a pas fait la preuve de son efficacité sur la réussite scolaire. L’exigence
d’une meilleure prise en compte des besoins des élèves et les demandes institutionnelles et sociales croissantes ont
complexifié le métier et alourdi la charge de travail des enseignant-es. La mise en place des APC sème la confusion
sur ce qui relève de l’école obligatoire ou non. Il est urgent de recentrer le débat public sur les véritables enjeux de
l’école. La réflexion sur les rythmes scolaires doit contribuer à une réforme sociétale et doit inclure un calendrier annuel basé sur l’alternance 7/2.
Pour le SNUipp-FSU, permettre aux élèves de mieux apprendre suppose une transformation car le système
éducatif contribue à générer de la difficulté scolaire et à accroître les inégalités. Celle-ci passe par une rupture
avec les empilements de réformes rarement évaluées qui font perdre le sens du métier et alourdissent le travail des
enseignant-es et par une amélioration des conditions de scolarisation des élèves. Il s’agit de transformer le métier
d’enseignant-e en dépassant l’équation « un maître, une classe » et de développer tous les leviers qui permettent
aux enseignant-es de se constituer en collectif de travail

Le SNUipp-FSU revendique (mandats Rodez 2016) :

La baisse du temps d’enseignement sans baisse du temps scolaire pour les élèves afin de répondre aux exigences d’une société qui assigne à l’école toujours plus de missions sans lui donner les moyens de les assurer. Cette revendication du SNUipp-FSU dès sa création implique plus de maîtres que de classes et la déconnexion du temps élèves et du temps enseignant-es. Cela suppose des créations massives de postes mais ne doit pas être confondu avec l’actuel dispositif du PDMQC qui n’a pas pour but de réduire le temps de travail des enseignant-es mais qui contribue à l’évolution de la professionnalité enseignante. L’organisation avec plus d’enseignant-es que de classes doit concerner toutes les écoles sur la base de 18 heures d’enseignement hebdomadaires et 3 heures pour le travail en équipe et avec les partenaires de l’école pour permettre aux enseignant-es de sortir de l’isolement et de construire des collectifs de travail indispensables pour que soient élaborées des réponses professionnelles efficaces (repenser les pratiques, inventer des organisations pour répondre à l’hétérogénéité des classes, travailler en équipes pluriprofessionnelles, renforcer les liens avec les familles…). Ces nouvelles formes de travail doivent faire l’objet de formation initiale et continue.

La polyvalence du maître, constitutive de son identité professionnelle, peut s’articuler avec une polyvalence d’équipe mise en place au niveau de l’école (…). Les expériences de classes partagées existent déjà (décharges de direction ou de PEMF, temps partiels, décloisonnements…) et peuvent servir de base à laréflexion pédagogique pour une autre organisation de l’enseignement et des apprentissages. Assurer à tous les élèves un accès à des savoirs solides, nécessite un haut niveau disciplinaire, pédagogique et didactique qui peut être favorisé par le partage des domaines d’apprentissage en fonction des choix des équipes. Cette organisation ne doit conduire ni à une « secondarisation » de l’école primaire, ni à la définition de postes à profil. Une véritable polyvalence d’équipe passe par le retour à une formation initiale et continue portant sur tous les champs disciplinaires avec un renforcement de certains domaines sans restreindre l’accès des enseignant-es à tous les types de postes d’adjoints.

En tout premier lieu, cela passe par :

  • une première étape de la baisse du temps de travail avec la suppression sèche des APC. Les heures actuellement annualisées doivent être basées sur des horaires indicatifs hors du contrôle de la hiérarchie. Le SNUipp-FSU poursuit sa réflexion sur les ORS en étudiant la possibilité d’intégrer les heures annualisées dans l’emploi du temps régulier des écoles.
  • une généralisation sur tout le territoire des dispositifs actuels de concertation des REP+ (avec la même
    pondération que celle du second degré) qui doivent évoluer pour laisser davantage d’initiative aux équipes et
    leur donner le pouvoir d’agir.
  • un plan ambitieux de recrutement et de formation initiale et continue et de revalorisation du métier enseignant
    pour rendre effective rapidement la baisse du temps d’enseignement pour aboutir à 18h+3.