Le “choc des savoirs”, ce n’est pas seulement la mise en place de groupes de niveau au collège, c’est également une mise au pas du métier enseignant et un manque d’ambition pour l’école publique émancipatrice.

Qu’est-ce que le “choc des savoirs” ? Comment se concrétise-t-il dans le 1er degré ? Quel rôle jouent les évaluations standardisées ? Comment se dessinent les programmes pour la rentrée prochaine ? Comme lutter contre ?

Comprendre le “choc de savoirs”

Webinaire pour comprendre

La FSU-SNUipp organise un webinaire le lundi 6 mai 2024 à 20h.

https://inscription.snuipp.fr/meeting/webinaire-choc-des-savoirs

Nouveaux programmes

Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a publié les projets de programmes en français et mathématiques pour les cycles 1 et 2. https://www.education.gouv.fr/le-conseil-superieur-des…
Sans surprise, ils sont dans la droite ligne de la lettre de saisine de Gabriel Attal du 8 janvier dernier. Écrits pour mettre en musique le « choc des savoirs », déjà décrié par la profession, ces nouveaux programmes renforcent, une nouvelle fois, les « fondamentaux » dès la maternelle. Leur objectif est également de mettre sous tutelle les pratiques enseignantes. La FSU-SNUipp en livre une première analyse sur ce lien.

Généralisation des évaluations standardisées du CP au CM2

A la rentrée 2024, les évaluations standardisées se déclineront dans tous les niveaux, du CP au CM2.
La généralisation des évaluations dans toutes les classes à partir du CP dès la rentrée 2024 va marquer une aggravation du contrôle permanent de notre travail.
Les évaluations sont l’outil central de la politique éducative actuelle

Redoublement

Un décret du 16 mars dernier modifie les textes consacrés à l’obligation pour les élèves de suivre les dispositifs d’aide et au processus de redoublement. Entre renforcement du traitement de la difficulté scolaire hors du temps collectif de classe et redoublement facilité, le Ministère s’enfonce dans ces choix idéologiques au détriment des élèves.

https://www.snuipp.fr/actualites/posts/dispositifs-d-aide-redoublements-le-point

Labellisation des manuels

Le « choc des savoirs » met en place la labellisation des manuels à partir de la rentrée prochaine en français en CP et en CE1, avant généralisation aux autres disciplines et niveaux de scolarité les années suivantes.

Un groupe de travail a eu lieu le 11 avril à la Dgesco sur les critères généraux qui seraient mis en œuvre pour qu’un manuel soit labellisé. Ces critères ont été déterminés par le Conseil scientifique de l’éducation nationale.

En préambule, la FSU-SNUipp a rappelé l’opposition de toute la communauté éducative au décret labellisation. En CSE, pour rappel le décret a reçu un vote défavorable : 33 contre, 2 abstentions, 2 pour, ainsi que l’arrêté sur la procédure de labellisation qui a été rejeté par 69 voix contre (5 abstentions). La communauté éducative est contre mais les éditeurs scolaires le sont également, pourtant le ministère continue d’avancer.

La FSU-SNUipp l’a rappelé, cette volonté de labelliser les manuels a bien pour objectif de caporaliser les pratiques enseignantes, de réduire les enseignants à des exécutants de scénarios pédagogiques creusant les inégalités scolaires et non plus à des concepteurs et conceptrices d’un enseignement au service de la lutte contre ces inégalités d’apprentissage. Il s’agit bien d’une reprise en main du pouvoir politique sur les contenus et les pratiques. Avec la réforme de la formation initiale et la licence LPE, la boucle sera bouclée en termes de caporalisation.

Les questions du financement et du calendrier ont également été posées dans ce groupe de travail : les équipes enseignantes sont actuellement en train de choisir les manuels avec lesquels ils travailleront l’année prochaine alors que l’objectif du ministère est un lancement de la procédure de labellisation à la fin du mois de mai, après la validation des modifications des programmes.

De façon générale, ce document écrit par le CSEN traduit un total manque de confiance pour les enseignant·es par le ministère mais également un mépris de leur professionnalité.

Sur le fond, l’objectif de la commission est bien de labelliser des manuels qui se fonderaient sur « les données probantes issues de la recherche en didactique et en sciences de l’éducation ». Cette formulation fait référence explicitement aux  seules evidence based studies, qui ont la faveur du CSEN mais reste un sujet de controverses dans le monde des sciences en éducation. Sont donc exclues les recherches fondées sur une méthodologie qualitative ou les recherches collaboratives. Cela reviendrait à exclure des manuels ayant pourtant une assise didactique établie. Par ailleurs, un certaines formulations sous tendent un parti-pris pédagogique fondé sur une progressivité linéaire et normée des apprentissages, allant du simple au complexe, de l’explicitation des notions aux exercices d’entrainement. Ceci entre en contradiction avec un certain nombre de consensus scientifique, mais aussi des démarches constructivistes démarrant par des situations problèmes ou s’autorisant des allers-retours conceptuels pour mieux répondre aux besoins des élèves

La Dgesco a précisé que le choix d’un manuel labellisé ne sera pas obligatoire mais n’a pas su répondre sur le contrôle qui sera fait par la hiérarchie. Quand on sait comment les différents guides ont pu être imposés dans certaines écoles, cela inquiète. Par contre, seuls les manuels labellisés pourront être achetés avec des fonds ministériels.

Lors de ce GT, toutes les OS présentes (FSU, UNSA, SGEN CFDT, CGT, SNALC et SUD éducation) sont intervenues en allant dans le même sens. A l’issue de la réunion, la FSU a proposé la rédaction d’une lettre ouverte à la ministre sur la dangerosité de cette labellisation.

lien vers la lettre ouverte à la ministre

Réforme de la formation initiale

Le Président a annoncé la mise en place d’un changement de l’architecture de formation des professeurs des écoles. Cette nouvelle architecture d’un concours fin L3 avec deux années de formation rémunérées et validées par un master, aurait tout à fait pu permettre une formation ambitieuse tout en favorisant une meilleure entrée dans le métier. A l’opposé, le ministère met en place une formation déqualifiée, visant à formater et rend ainsi ce projet inacceptable.

https://www.snuipp.fr/actualites/posts/ecole-normale-ou-normalisante

Groupes de niveaux au collège

La note de service, publiée au BO spécial du 18 mars 2024, explicite aux chef.fes d’établissement comment organiser les groupes de niveau en mathématiques et en français l’an prochain.

Intitulée « Organiser les enseignements de français et de mathématiques en groupes afin d’élever le niveau de tous les élèves », elle ne trompera personne : elle montre en plusieurs endroits que l’organisation en groupes de niveau vise à creuser les inégalités entre les élèves et à mettre au pas les professeur·es.

https://www.snes.edu/article/groupes-de-niveau-les-details-de-la-note-de-service/

Classe préparatoire à la classe de 2nde

Classes « pilotes » pour la rentrée prochaine, les « prépa-seconde » visent le public des recalés au DNB . Dans le projet ministériel, le DNB deviendra examen d’entrée au lycée général, technologique et professionnelle à partir de 2025. Sous couvert de bienveillance, ce dispositif masque en fait la volonté politique d’évincer des dizaines de milliers d’élèves du système scolaire.

Alerter contre le “choc des savoirs”

Réunions publiques d’informations

La FSU-SNUipp 86 avec les autres organisations de la FSU va organiser lors de ce mois de mai des réunions publiques d’informations et d’échanges sur plusieurs sites en invitant collègues et parents d’élèves.
Dates à venir.

Combattre “le choc des savoirs”

Pétition contre la généralisation des évaluations nationales standardisées obligatoires

Signer et partager la pétition FSU-SNUipp, SE-Unsa, Snudi-FO, SGEN-CFDT, CGT Educ’Action, Sud éducation, SNALC pour l’abandon des évaluations nationales standardisées obligatoires, pour l’arrêt des mécanismes de pression et de contrôle (pilotage des conseils académiques des savoirs fondamentaux CASF, formation imposée, tout-évaluation, contrôles incessants…), pour le respect de la liberté pédagogique : abandon de toute tentative d’imposition de manuels, y compris au travers d’un processus de labellisation. lien pétition

Pétition contre le choc des savoirs

Signer et partager la pétition des organisations syndicales FSU, UNSA, FO, Sgen-CFDT, CGT Educ’Action et Sud, pour  :
  • dénoncer les fondements de cette politique au détriment des élèves les plus fragiles et socialement défavorisés.
  • dénoncer leurs conséquences qui ne feront qu’aggraver les conditions de travail des enseignantes et enseignants, mais aussi de tous les personnels.
  • dénoncer le risque important de voir apparaître des classes de niveau en collège.

Ne pas participer au tri des élèves pour les groupes de niveaux

Avec la fin de l’année, arrive le temps des Conseils École Collèges (CEC). Traditionnellement, ils permettent un partage d’informations pour aider à la constitution des classes de sixième. Cette année, ils sont présentés comme une étape de constitution des groupes de niveaux au collège.
La FSU-SNUipp 86 appelle les collègues à s’abstenir de toute contribution visant à constituer les futurs groupes de niveaux en 6ème.
Vous trouverez en ce sens 2 textes à :
  • une motion pour les Conseils des Maître·sse·s se prononçant contre le choc des savoirs. Les évaluations y sont mentionnées parce qu’elles sont emblématiques de l’école plus normative, plus sélective et par là plus inhospitalière pour les élèves des classes populaires. Elle répond également à la question des demandes de documents par certains IEN en amont des CEC.

motion conseil des maitres maitresses

  • une déclaration au CEC sur le positionnement des collègues du 1er degré

Mobilisations

 Une journée nationale d’action est prévue le samedi 25 mai 2024, avec des manifestations à travers le pays et à Paris, sous le slogan « contre le Choc des savoirs, pour le choc des moyens et des salaires pour l’École publique ». Cette journée, prévue pour rassembler parents d’élèves et personnels de l’enseignement, promet d’être un moment fort de la mobilisation.