Présent-es :  Mr Barthelemy (IA), M. Artaud (IENA), Stéphane Bocquier (DVS), Mme Paquet (IEN), 6 directeur-trices choisi-es par les IEN, 1 SNUipp-FSU, 1 UNSA, 1 FO

Note d’ambiance : C’est le premier groupe de travail départemental sur la direction d’école pour cette année scolaire 2022-2023. Il s’est réuni à 14h00 au rectorat de l’académie de Poitiers. A noter, l’IA-DASEN avait proposé en fin d’année dernière que ce groupe se réunisse plus régulièrement afin d’alimenter les travaux des remontées du terrain. En ce sens, il avait appelé à la co-construction de l’ordre du jour à l’avenir. 

L’ordre du jour prévu est le suivant :

  1. Point spécifique de réflexion et d’échange : La concertation 
  2. Points généraux :
    • Point de situation
    • Evaluations d’écoles
    • Formation continue et initiale
    • Application “gestion de la prévention des risques”

Point spécifique de réflexion et d’échange : La concertation : “Notre école, faisons-la ensemble

Emmanuel Macron a décidé de décliner le conseil national de la refondation par la mise en place des débats dans les écoles, afin de mener « une politique au plus près des territoires ». Il s’agit de : « de permettre à l’ensemble de notre société de se réapproprier ce « bien commun » qu’est l’école et de faire émerger, au niveau local, des initiatives de nature à améliorer la réussite et le bien-être des élèves, et à réduire les inégalités ».

Trois phases sont mises en œuvre dans cette démarche : la première pour établir le diagnostic de l’école, la deuxième pour questionner le projet d’école, la troisième pour en extraire un projet innovant qui sera soumis au jury pour obtenir ou non un financement.

Localement, le Dasen a reconnu que cette nouvelle méthode qui consiste à partir de la base est déroutante à tous les niveaux de la hiérarchie : en témoigne l’édition par le ministère d’un guide, de manière descendante pour une action qui doit partir du terrain ou encore le questionnaire de la DGESCO. 

Cette concertation ne concerne que les équipes qui souhaitent y participer, dans les 5 ans à venir. Le Dasen s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucune conséquence pour les équipes ne participant pas ou qui ne mèneraient pas la concertation à son terme.

Le Dasen a insisté pour que cette concertation soit ouverte à toute la communauté éducative (parents, mairie, élèves, partenaires extérieurs de l’école) et il a bien spécifié que l’élaboration d’un projet pédagogique n’était pas obligatoire à l’issue de la concertation. S’il existait, ce projet ne devrait pas forcément être innovant, ses seules limites étant les programmes et le temps consacrés aux savoirs fondamentaux.

Le Dasen a rappelé que l’Etat a alloué un budget de 500 millions d’euros sur les 5 ans, dont 150 millions la première année.

Par contre l’arbitrage n’est pas défini : il n’y a pas de cadrage académique pour le moment. L’administration n’est pas en mesure aujourd’hui de dire qui validera les projets, ni sur quels critères. Le Dasen a précisé qu’il faudra que l’institution soit réactive et qu’un maximum de projets reçoivent un peu de financement.

Pour ce travail, 12 h sur les 108h sont à prendre. Le Dasen s’est engagé à laisser la journée de solidarité (6h) aux équipes engagées dans ce processus et à essayer de libérer des remplaçant-es les mercredis matins, quand il y en a…

Le SNUipp-FSU a rappelé l’état du remplacement et précisé que les 108h sont déjà largement atteintes ! et a été rejoint par les autres organisations syndicales sur ce constat. Le temps de concertation doit donc à minima, comme c’est le cas dans le second degré, être pris sur le temps devant élèves. 

Le Dasen a désigné une équipe académique pour aider les équipes pédagogiques, constituée par le DVS et les 2 personnels de CARDIE. Il a aussi précisé que les CPC et CPD seront formés aux outils d’animation et d’élaboration de projet par CANOPE. Ils pourront servir d’appui ensuite pour l’animation des concertations. Le Dasen a proposé de faire former par CANOPÉ les directeur-trices qui le souhaiteraient et qui s’engageraient dans le projet.

Le SNUipp-FSU ne peut que s’alarmer d’une concertation élargie qui déboucherait sur l’écriture de projets pédagogiques. Si l’école n’appartient pas qu’aux personnels enseignants, la question pédagogique ne relève que de leur seule expertise. L’ingérence pédagogique de la collectivité, des parents ou encore de la société civile est donc inquiétante pour l’école et la profession.

Le SNUipp-FSU défend une école radicalement différente : un service public d’éducation avec une attribution équitable et transparente des moyens nécessaires à la réussite de tous les élèves, dans tous les territoires.

retrouvez le communiqué du SNUipp-FSU sur le sujet

Le SNUipp-FSU a porté la confusion de certains collègues entre cette concertation d’école et les évaluations d’école. Certains pensaient que la concertation remplaçait la partie auto-évaluation des évaluations d’école. Le SNUipp-FSU a demandé que les choses soient clarifiées auprès des collègues.

Le SNUipp-FSU a aussi porté la demande de formations pour les directeur-trices sur les différents outils de CANOPE, de la Digitale… M.Artaud a pris note pour l’élaboration du plan de formation des directeurs.

Points généraux :

  • Point de situation 

Le SNUipp-FSU a une nouvelle fois rapporté l’état de fatigue et de tension des collègues directeurs et directrices, avec des parents très exigeants, consommateurs de l’école, les injonctions de l’institution, des élèves de plus en plus compliqués sans aide ni pour la prise en compte de la difficulté scolaire, ni des difficultés liées aux situations de handicap (RASED incomplets, pas de notification MDPH….)

Les directeur-trices présent-es ont confirmé ce constat et ont précisé que les tensions étaient même présentes au sein des équipes. Une étincelle suffirait à faire exploser la solidarité nécessaire dans nos écoles.

Le Dasen a reconnu que ce constat était fondé, comparant l’état des équipes à celui d’avant les vacances de Noël.” M Artaud a précisé que c’était sociétal, c’était révélateur du climat général. 

Certains collègues directeur-trices ont fait part de leurs inquiétudes pour nos jeunes collègues directeurs-trices, qui ne sont pas préparés à gérer ce genre de conflits. Ils demandent de plus en plus à être accompagnés lors des entretiens car ils ont peur d’être seuls face à certains parents.

Le DVS a signalé les 3 principaux points de sollicitation des collègues : 

  • le climat scolaire, surtout en maternelle, avec des enfants qui ne sont pas propres, des parents peu habitués au fonctionnement de l’école et donc très exigeants, des enfants qui explosent…Problème aussi avec certaines collectivités qui essaient de décider du fonctionnement interne de l’école ;
  • les enfants à besoins éducatifs particuliers, ou des enfants explosifs qui sont dans les écoles sans accompagnement particulier ;
  • le problème d’équipes qui dysfonctionnent. Problème des directeur-trices pour piloter l’équipe, animer, amener de la concertation. Le dialogue est de plus en plus compliqué car certain-es collègues se renferment sur leur classe.

Pour le SNUipp-FSU, l’analyse n’est pas aussi simple : certain-es directeur-trices, noyé-es sous les demandes, se recentrent parfois sur les tâches administratives, et n’ont plus de temps pour l’animation de l’équipe.

Un collègue directeur a fait part aussi de l’inégalité de traitement sur certaines circonscriptions pour les directeur-trices déchargés à 33% : ceux qui sont déchargés un jour fixe et un autre jour tous les 15 jours seront déficitaires de 4,5 jours de décharge par rapport à ceux qui ont un jour fixe tous les mercredis matins.

C’est un élément que le SNUipp-FSU a déjà fait remonté lors de ses échanges avec l’administration, de même que la situation des collègues déchargé-es sur des journées plus courtes dans le cadre d’une organisation du temps scolaire avec des journées à durée variable. 

M.Artaud s’engage à redonner ces journées.

  • Evaluations d’écoles

Concernant les évaluations d’école, le Dasen a bien précisé qu’il faudrait que les directeurs reçoivent les indicateurs du service des statistiques du rectorat : “Vous n’avez rien à préparer, on doit vous fournir les éléments dont vous avez besoin”.

Le SNUipp-FSU continue de dénoncer ces évaluations d’école. Les équipes peuvent demander à ne pas faire ces évaluations en renvoyant la motion (voir notre article).

Le SNUipp-FSU a demandé à ce que l’inspection communique le calendrier provisoire des évaluations d’écoles sur les 5 ans. Même si des évolutions peuvent avoir lieu, cela permettrait à chaque équipe de se projeter et prendre la mesure de ce qui les attend, et dans ce cas, se mobiliser. 

  • Formation continue et initiale 

Faute de temps, ce point n’a pas été abordé. 

Pour rappel, le SNUipp-FSU continue de revendiquer pour les directeur-trices la mise en œuvre du décret d’août 2020 et le droit à 2 jours de formation continue spécial direction, à l’offre, sur temps de classe avec remplacement.

Lors du conseil de formation du 30 septembre, un rapide point avait été fait sur la formation continue des directeur-trices. Retrouvez-le sur ce lien : https://snuipp86.fr/index.php/2022/10/04/conseil-de-formation-du-30-septembre-2022-le-compte-rendu/#Formation_des_collegues_en_charge_de_la_direction_decole 

 

  • Application “gestion de la prévention des risques”

Faute de temps, ce point n’a pas été abordé.

pour le SNUipp-FSU 86, Sophie Bordes

Les mandats du SNUipp-FSU

La fonction de direction d’école se dégrade depuis des années. Les faibles avancées ne répondent pas aux préoccupations des directeurs-trices. Ils-elles ont besoin de plus de temps, d’une meilleure rémunération, d’un réel
allégement de leurs tâches administratives, d’une formation initiale et continue, de personnel dédié au fonctionnement de l’école et du soutien de leur hiérarchie. Des mesures spécifiques doivent être prises pour
tenir compte des évolutions des missions. Les demandes de l’institution doivent s’inscrire dans le cadre des missions actuelles en se limitant au référentiel de compétences. Elles ne doivent pas conduire les directeurs-trices à tenir un rôle hiérarchique qu’ils-elles n’ont pas. En faire des supérieurs hiérarchiques dégraderait le fonctionnement de l’école. Leurs missions doivent être recentrées sur l’enseignement, l’animation du collectif de travail, le suivi des élèves et les relations avec les partenaires.
Le SNUipp-FSU rappelle son opposition au statut hiérarchique du directeur-trice d’école qui aggraverait la problématique de la direction d’école.

Le SNUipp-FSU demande l’abrogation de la loi Rilhac qui va modifier en profondeur la direction et le fonctionnement de l’école. Le SNUipp-FSU a obtenu une augmentation des décharges de direction et des mesures indemnitaires, ces dernières ne concernent que certaines catégories de directions et sont loin des attentes et des besoins. Elles ne permettent pas d’améliorer les conditions de travail de tous·tes les directrices·teurs, ni de renforcer le collectif de travail, ni d’améliorer le fonctionnement des écoles.

1.2.3.1. Accès à la fonction
Pour le SNUipp-FSU, tout-e enseignant-e qui le demande doit pouvoir accéder à un poste de direction et bénéficier de la formation réglementaire. Celle-ci doit être effective pour tous-tes dès la prise de fonction, y compris pour les collègues chargé-es d’école et faisant fonction. Le SNUipp-FSU est opposé au principe de la liste d’aptitude. Il s’oppose à tout fléchage et/ou profilage de poste. Un-e directeur-trice nouvellement nommé-e doit avoir un temps de liaison institutionnalisé sur son temps de travail avec l’ancien-ne directeur-trice avant sa prise de fonction.
Tout-e enseignant-e qui assure les fonctions de direction dès une classe doit être reconnu-e comme directeur-trice.
1.2.3.2. Aide à la direction et au fonctionnement de l’école
Les nouvelles demandes institutionnelles faites aux écoles (sécurité, suivi des élèves en situation de handicap, PEDT…) ont considérablement alourdi les tâches des directeurs-trices et rendu leur quotidien plus difficile depuis la fin de l’aide administrative.
Le SNUipp-FSU revendique un emploi statutaire et pérenne d’aide à la direction et au fonctionnement de l’école, dans chaque école, pour conforter le-la directeur-trice comme enseignant-e et animateur-trice de l’équipe.
Cet emploi à temps complet doit être occupé par des agent-es formé-es en amont de la prise de poste. Ce nouveau métier engloberait notamment les tâches administratives et l’accompagnement des activités scolaires.
1.2.3.3. Simplification et allègement des tâches
La simplification annoncée a essentiellement porté sur la mise en place sans formation d’outils numériques, parfois mal conçus et chronophages et a été inégale selon les départements. Dans le même temps des tâches de contrôle et administratives se sont multipliées, sans utilité pour le fonctionnement de l’école. Pour le SNUipp-FSU, la
dématérialisation n’a de sens que si elle contribue à un réel allègement des tâches.
Toutes les écoles doivent disposer d’un bureau de direction, avoir accès à internet, être équipées de matériel adapté et de logiciels libres. Les boîtes mail des écoles doivent être davantage protégées (spams, publicités…). Les
administrations doivent avoir un usage raisonné des courriels et utiliser des formats de fichiers standardisés. Le SNUipp-FSU revendique le droit à la déconnexion. Les directeurs-trices n’ont pas à utiliser leur téléphone personnel à des fins professionnelles. Les réunions avec l’institution ou les partenaires doivent se dérouler sur le temps de service avec des moyens de remplacement ou donner lieu à récupération. Le SNUipp-FSU demande la simplification des opérations d’inscription des élèves, de passage au collège et des orientations en enseignement adapté, la fin de la saisie d’AFFELNET, l’abandon des enquêtes et des tâches inutiles. Le SNUipp-FSU dénonce le fonctionnement de certaines communes qui imposent aux directeurs-trices des tâches relevant d’une responsabilité communale.
Il est indispensable de clarifier et limiter les responsabilités et les missions, dans les domaines de la sécurité, de la santé et de la protection de l’enfance, notamment les démarches et procédures. Les responsabilités des collectivités territoriales et des directeurs-trices doivent être explicitées. Les directeurs-trices ne peuvent se substituer aux
professionnels de sécurité civile (pompiers, police…) pour établir des plans de mise en sûreté ou sécurité des personnes et des bâtiments. Le SNUipp-FSU demande que les conseiller-es et assistant-es de prévention
soient renforcé-es dans leurs missions, recruté-es en nombre suffisant et présent-es dans chaque secteur pour accompagner les équipes.
1.2.3.4. Formation
La complexification des missions de direction nécessite une formation adaptée et de qualité. Le travail en équipe, la connaissance et le lien avec les différents partenaires de l’école, la gestion des conflits et les autres missions doivent être aussi incluses dans la formation initiale et continue de tout-es les enseignant-es.
Avant leur nomination les futur-es directeurs-trices et chargé-es d’école doivent bénéficier d’une formation sur le temps de travail s’inscrivant sur la durée, débutant avant la prise de fonction. La durée de la formation réglementaire est largement insuffisante pour permettre aux enseignant-es de se préparer à leurs nouvelles missions. Les enseignant-es faisant fonction doivent bénéficier d’une formation d’aide à la prise de fonction. Leur remplacement doit être assuré. Elle doit apporter des connaissances et savoir-faire pédagogiques, administratifs et en matière
de relations humaines, de coordination et d’animation d’équipe. Elle ne peut avoir pour objectif de formater les directeurs-trices en créant de nouveaux supérieurs hiérarchiques, ni servir à faire pression ou les intimider. Elle
ne doit pas devenir le lieu de transmission des « bonnes pratiques » que le ministère cherche à imposer. Elle doit être dispensée par des équipes pluri-professionnelles (chercheurs, psychologues, formateurs de terrain, mouvements pédagogiques…).
Le SNUipp-FSU revendique une formation continue adaptée et de qualité portant notamment sur l’évolution des missions et de la réglementation, l’utilisation des outils numériques, l’animation d’équipe et la gestion des conflits, proposée chaque année sur le temps scolaire. Elle doit aussi prendre en compte la dimension pédagogique. Elle doit
répondre aux attentes des directeurs-trices et permettre l’échange entre pairs.
1.2.3.5. Décharges
À ce jour, le temps de décharge reste largement insuffisant pour faire face à l’ampleur des tâches et améliorer les conditions de travail. La complexité de la fonction de direction combinée à la gestion de la classe entraîne de fait une
surcharge de travail, voire un épuisement professionnel. Les temps de décharge actuellement définis réglementairement doivent s’appliquer dans toutes les écoles, particulièrement dans les plus petites et celles
qui disposent de classes dédoublées. Le SNUipp-FSU exige une augmentation conséquente des décharges et une décharge hebdomadaire d’une journée minimum pour tous, quel que soit le nombre de classes dans l’école, y compris pour les chargé-es d’école.  Notre mandat ; 1 à 3 classes : ¼ de décharge, 4 à 6 : ½, 7 à 9 : ¾ et +10 : totale.

 

En plus de réaffirmer ses mandats (amélioration des décharges pour les directeurs·trices, renforcement
des équipes pluri professionnelles, aide à la direction et au fonctionnement de l’école, allègement des
tâches, revalorisation des rémunérations…), le SNUipp-FSU revendique plus de temps pour les équipes
pour fonctionner ensemble et un temps de décharge supplémentaire pour le fonctionnement de l’école,
attribué à l’école que le conseil des maîtres·ses utilisera selon les modalités qu’il choisira.
Les évolutions actuelles sur la direction et le fonctionnement de l’école, comme celles sur son
organisation, imposent au SNUipp-FSU de renforcer son projet de transformation de l’école comme
alternative pour contrer les logiques à l’oeuvre : taille des écoles, décharges de direction, organisation de
l’école, aide à la direction et au fonctionnement de l’école, isolement dans le travail de direction… Il
s’engage dans ce chantier en organisant rapidement à l’interne un cadre de réflexion (mandat d’étude,
conseil national technique…).
Il explorera avec les collègues d’autres modalités pour améliorer les conditions de travail des
directeurs·trices et des équipes, comme le fonctionnement de l’école (temps d’échanges institutionnalisés
entre pairs, direction et fonctionnement plus collégiaux reposant sur un partage des tâches, codirection…).